Le monde va mal. Ce simple constat apparaît comme une évidence (et l’on pourrait même dire comme un euphémisme) au regard de la crise que nous traversons actuellement, amorcée en 2008 et que l’on annonce durable et profonde. Crise qui dit enfin son nom et qui est en quelque sorte la manifestation extérieure du mal être qui ronge de l’intérieur, depuis bien longtemps le monde industrialisé, qui rappelons-le, a bâti son idéal de vie et son identité exclusivement sur le confort et la jouissance : crise sociale et sociétale, crise climatique et écologique, crise de la famille, des valeurs, de la jeunesse…(1).
Il serait donc complètement erroné de réduire les problèmes que vit le monde moderne à la seule sphère économico-financière, sans aller plus loin dans l’analyse. Cependant un des effets positif de cette crise est la « prise de conscience » par la population mondiale qu’il n’est plus possible de vivre dans l’ultra consumérisme et le gâchis, boosté souvent par une mondialisation sauvage dont l’un des effets les plus pervers est l’épuisement des ressources de la planète et l’accentuation de plus en plus flagrante des écarts entre le « Nord » et le « Sud », les riches et les pauvres. Prise de conscience que l’égoïsme collectif ne saurait être un projet de société, tout comme la course aux biens matériels et à la consommation compulsive, sans oublier une inconscience morale peu vue jusqu’à lors, souvent caractérisée par une négligence accrue et totale des principes essentiels de la vie. Crise qui constitue aussi la mort d’une certaine « illusion moderne » et l’entrée en phase « terminale » de bon nombre d’idéologies dominantes dont l’Occident s’est toujours réjoui à les mettre en avant comme étant de l’ordre du raffinement intellectuel et la production par excellence de l’esprit humain.
La chute du capitalisme à laquelle nous assistons actuellement, rappelle également la fin d’autres courants de pensée qui eurent leur temps de gloire par le passé et qui s’effondrèrent avec les espérances qu’ils avaient alors généré chez leurs partisans, tel un château de cartes (d’ailleurs souvent dans la désolation et le sang). Le communisme (2) et ses 400 millions de morts sur la conscience, le fascisme et sont nationalisme ultra guerrier symbolisé jadis par le slogan totalitaire : « Tout dans l'État, rien hors de l'État, rien contre l'État », le nazisme avec sa vision racialiste et xénophobe de l’histoire qui engendra tant d’horreurs et de malheurs le siècle dernier… autant de victimes au nom de l’évolution de l’esprit et du progrès (si seulement il en était véritablement un). Au nom d’un développement scientifique et matériel, dépourvu de tous principes directeurs et synonyme d’une authentique « barbarie » qui dépassa de loin (en à peine quelques siècles) tout ce que connut comme aliénation le monde féodal, depuis l’apparition de l’homme sur Terre et jusqu’à l’avènement de l’époque « moderne ».
Fallait-il passer par là pour se rendre enfin à l’évidence que les fondations de toute civilisation sont indéfiniment condamnées à la ruine tant qu’elles seront systématiquement érigées sur des valeurs purement profanes et foncièrement antireligieuses ? Ou faudra-il croire comme le pensent les matérialistes ou les évolutionnistes de tout genre que l’homme (moderne ou ancien) est condamné foncièrement par son « animalité biologique » à la violence et la souffrance, et à toujours subir les différents dictats de la nature dans laquelle il évolue ?
Si l’être humain possède effectivement beaucoup de similitudes avec l’animal (du fait entre autre d’un partage « existentiel » du même milieu par les deux et d’une certaine « universalité biologique » dans la création), il se détache rapidement de ce dernier par deux qualités principales qui sont l’apanage de la seule espèce humaine : la raison et la foi (2). Ces attributs propres à la nature première de l’homme (Fitratul insan) ont pour principal objectif de confiner ce dernier à toujours vouloir s’élever à un idéal et une vérité qui sont au-delà de ses limites corporelles et intellectuelles; telle est effectivement la définition de l’espérance avec toutes les perspectives que génèrent cette dernière chez l’homme croyant pour le maintenir constamment en « éveil » et le projeter en permanence vers la « demeure dernière » (darul el-karar). Telle est aussi en réalité l’attitude qui permet de distinguer « l’homme vertical » de l’« homme animal ». De choisir de s’engager dans la voie du « bien » ou du « mal », d’être parmi les « élus » ou les « damnés », dans le camp de la « vérité » ou celui de l’« erreur ».
Assurément l’humanité traverse actuellement une des périodes les plus sombres de son histoire ; une crise civilisationnelle comme il y en a jamais eut, du fait du bannissement permanent dans la vie courante, des principes spirituels suprêmes qui équilibraient le monde autrefois. Du fait aussi du désintérêt total envers la véritable connaissance et la déformation continue du savoir, de plus en plus épuré de toute vérité immuable et orienté exclusivement vers la « mesure » et la « production ». Ce qui loin de faire avancer les choses dans ce domaine, contribuent à accentuer chaque jour d’avantage la confusion dans l’esprit des gens, les éloignant de plus en plus de leurs destinée, d’où par exemple, la disparition progressive de la pratique religieuse en Occident, que ce soit dans la sphère publique ou privée.
Les plus lucides parmi les humains ont déjà pressentis depuis le début du siècle dernier (avant même l’hécatombe des deux guerres mondiales) cette crise majeure du culte religieux et le danger que représente la nébuleuse de conceptions athéistes, aussi fallacieuses les unes que les autres, qui quand elle ne combattent pas les « dogmes religieux », s’efforcent par tous les moyens de les déformer et travestir pour les vider progressivement et habilement de toutes notions fondamentales à la subsistance et au maintien d’une quelconque activité spirituelle chez les gens qui continuent encore à s'y référer. A cette disparition progressive en Occident de la religion (depuis l’échec du catholicisme), s’est toujours substituée par cycle, des spiritualités « de circonstance » que nous aurons l’occasion de dénoncer dans une deuxième partie de ce développement. Des spiritualités « de contrefaçons » ou des pures impostures qui ne servent en rien la vie de l’homme en quête de transcendance, mais la ruine complètement.
Devant la spirale infernale du monde actuel (travail/consommation, le « tout-travail », immoralisme...) qui condamne toujours les hommes à l’autodestruction massive et individuelle, voilà soudainement que les héritiers des idéologies qui furent à l’origine de tant de chaos intellectuel par le passé, nous promettent qu’il est temps de revenir aux vraies valeurs (3) ; de faire rentrer l’humanité dans une « nouvelle ère spirituelle » (4), le tout par une subtile mutation de l’intellect, censée engendrer cet « homme nouveau » si cher aux mystificateurs du new age et aux occultistes du néo-spiritualisme (5).
A la vitesse à laquelle semble s’accélérer la « déspiritualisation » du monde, il est peu probable que le changement de paradigme que l’on nous annonce et le passage à cette nouvelle ère « mondialiste » servira à rectifier quoi que se soit, ni à ressouder ce qui est déjà brisé et rouillé depuis fort longtemps. Ainsi, il est facile de constater que là où la pratique religieuse recule (6), on observe une intériorisation systématique de la spiritualité, qu’une fois limitée au « psychologique » et dépouillée de toute possibilité de ritualisation, perd significativement toute sa substance et ses capacités d’expression y compris dans le « vocabulaire général ». Pour preuve l’abus de langage, la vulgarisation et l’utilisation de nos jours en tout sens, de mots comme « spiritualité », « mystique » ou « métaphysique » …dans le langage moderne au point de les rendre totalement inintelligibles, témoigne à elle seule de cette dislocation de la pensée moderne où l’esprit de profanation qui l’anime n’épargne vraiment aucun domaine de l’existence. Il est facile de remarquer aussi, que de nos jours, même les laïques athées, les pires des libertins du monde du spectacle et toute sorte de subversifs se prétendent être aussi « spirituels » que les hommes enracinés dans une religion ! (7)
La réduction de la spiritualité au seul domaine psycho-émotionnel est donc un autre signe caractéristique de cette « paresse intellectuel » de l’homme moderne qui aussi « spirituel » qu’il prétend l’être rechigne toujours au fond de lui à s’élever à la pure vérité, qui dans le cas de l’homme transcendant, ne se confine pas seulement au mental, mais se traduit en lui quotidiennement en acte de foi. Serait-il vraiment possible de prétendre à la « maîtrise » et à l’« excellence » dans un domaine quelconque sans avoir consenti au préalable le moindre effort de dépassement de soi et d’élévation de niveau pour toucher au but ? Autrement dit, comment peut-on aujourd’hui vouloir tendre à la spiritualité uniquement par la « bouche » et le « tempérament », comment ose-on séparer avec autant d’aisance, le « spirituel » du « religieux » comme si les deux domaines n’avaient aucune connexion et étaient entièrement étrangers l’un à l’autre, et sans que le « rituel religieux » ne soit pas le faire de lance et le parcours obligatoire qui procure à l’homme cette authentique réalisation spirituelle (la seule qui compte réellement), au cœur de toutes les doctrines religieuses ?
(1) Voir nos précédente chroniques à ce sujet :« Jeunesse Red Bull 1 et 2 » et « L’Occident et la religion »
(2) Mais là encore, il reste à savoir de quelle espérance et de quelle foi parle-t-on, car nombreux sont ceux à avoir de nos jours troqué les aspirations les plus nobles et les plus spirituelles pour les plus basses et les plus matérielles qu’il puisse exister. Voir notre chronique « la foi et la raison »
(3) Remarquons au passage que la question de définir lesquelles est toujours d’actualité.
(4) Le « Nouvel Ordre Mondial », le « mondialisme » ou le « cosmopolitisme » sont autant de termes subliminaux pour préparer l’opinion mondiale à ce changement de paradigme tant voulue par certains mouvements.
(5) Voir également notre chronique « La vérité est-elle en nous ? »
(6) Recul qui peut être du à des pressions sur l’homme qui peuvent être soit physiques ou intellectuelles comme c’est le cas en Occident depuis le « siècle des Lumières ».
(7) Nous employant volontairement ici le mot « religion » pour marquer le fait que de notre point de vue, spiritualité et foi en Dieu sont étroitement liées et ne peuvent être distinguées comme c’est le cas couramment dans le langage moderne.
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Mythes & impostures de la modernité (3/3)
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Mythes & impostures de la modernité (2/3)
Mythes & impostures de la modernité (1/3)
Arithmétique de zakat el-mal
Sunnisme & Chiisme en islam
L’empire du gâchis
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Vers une nouvelle ère spirituelle ? (2/2)
De la Tolérance en Islam
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Une Jeunesse : "Red Bull" (2/2)
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Conversion, voile et soumission
L'Antéchrist en islam (Al Dajjâl)
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