La jeunesse actuelle est en crise profonde : actes de délinquances de plus en plus violents, criminalité précoce, crise identitaire conduisant au suicide dans certains cas et au mépris de l’autorité quelle soit parentale ou institutionnelle dans d’autres cas... les problèmes que les jeunes d’aujourd’hui rencontrent sont relativement nombreux et ne peuvent être entièrement énumérés ici.
Par contre, si nous nous sommes proposés d’exposer ici certaines réalités majeures de ce que nous qualifions de véritable « crise de l’existence » que subissent les jeunes actuellement que ce soit en Occident ou en Orient, ce n’est point pour des raisons conservatistes, moralistes ou par pur esprit réactionnaire. Ceci part plutôt d’un constat réel et juste, et d’une conviction que le monde moderne qui a promis tant de félicité, de justice et de paix à l’humanité et qui s’est érigé sur les ruines de l’ancien monde traditionnel (souvent décrié à tord par les historiens modernes comme barbare, rétrograde et dépassé) n’offre plus de réelles perspectives pour l’homme « normal » qui cherche une équation équilibrée entre ce que l’on appelle une « réalisation spirituelle » vitale pour la paix et l’épanouissement de son âme et le progrès profane certes utile dans certains domaines mais pas au point d’absorber toute l’énergie humaine comme c’est le cas aujourd’hui en Occident et de devenir l’unique leitmotiv d’une vie de plus en plus sombre et vide de sens.
En revanche, pour être le plus complet possible nous scinderons cet exposé en deux parties distinctes, dont la première partie traitera ce mois-ci des causes et origines du problème qui ont conduit à l’impasse à laquelle fait face actuellement la jeunesse, et qui est en grande partie liée à la crise que subit la famille de nos jours mais également due à l’errance et au manque d’engagement et de repères spirituels envers leurs enfants, des parents eux même en perdition. Ce qui renvoie à des interrogations beaucoup plus profondes au-delà même de notre sujet ; sur le sens réel du mariage dans notre société actuelle ainsi que le rôle et la place de la famille dans le monde moderne.
Dans un deuxième temps, nous traiterons des manifestations individuelles et externes de la crise qui sont les plus facilement identifiables car trop visibles à notre époque, mais aussi de comment nos élites tente en vain de remédier à ses problèmes par la pire des façons et de la plus mauvaise des manières. Nous verrons aussi comment les problèmes des jeunes d’aujourd’hui par un processus de plus en plus dégénératif ne feront que s’aggraver. Se qui conduira ces derniers inévitablement à l'autodestruction que ce soit par les drogues, l’alcool, le sexe ou autre... Enfin nous tenterons en conclusion de donner quelques repères fondamentaux permettant d’éviter de tomber de manière systématique dans les pièges diaboliques et subliminaux qu’offre notre époque où les notions de « morale », « mal » ou même de « liberté » ne semblent plus avoir de réelle signification.
L’origine du mal :
Personne ne saurait contester le fait que les jeunes de nos jours sont en conflit permanent avec leur hiérarchie parentale car les parents et plus spécialement le père ne joue plus le rôle de chef de famille qui lui était naturellement assigné dans le cadre d’un système traditionnel, à savoir aussi celui de responsable de sa famille, de garant de la tradition et de pivot de la transmission de cette dernière à sa progéniture. A contrario, le rôle du père moderne, loin de transmettre une quelconque influence spirituelle, se confine aujourd’hui à celui de vulgaire géniteur, de pourvoyeur de fonds destinés à garantir la sécurité financière de la maison et à préserver un mode de vie foncièrement matérialiste, d’une cellule familiale de plus en plus en décomposition. Il est inutile de signaler ici que les tensions observées dans les familles d’aujourd’hui, sont en rapport étroit avec le concept et l’idée même que se fait l’homme d'aujourd'hui du mariage.
La sagesse prophétique enseigne que « tout arbre bon porte de bons fruits, et tout arbre mauvais porte de mauvais fruits. » ou encore « qu’un arbre bon ne peut porter de mauvais fruits, ni un arbre mauvais porter de bons fruits. » Il ne faut donc pas se voiler la face et envisager la situation dans sa réalité la plus crue ; quel type d’enfants pourra engendrer une famille ou une civilisation areligieuse, libertine où l’union de l’homme et de la femme s’appuie uniquement sur la « chair », l’apparence ou l’accommodement et n’a guère aucun sens supérieur, et où même dans le cas d’un mariage officiel (civil ou religieux), on ne se marie de nos jours que pour les facteurs les plus individuels qui soient (instinct sexuel, notoriété, stratégie fiscale….) ?. La procréation « saine », la transmission d’un héritage religieux ou d’une tradition solide se trouvent ainsi relégués aux dernières des préoccupations de la vie courante.
Etendre cette question davantage ici nous entraînerait trop loin dans nos considérations, mais nous dirons sommairement que la prédominance du critère physique, économique et éthno-tribal combinés à la négation pure et simple de certains principes d’ordre transcendant dans le type de mariage moderne –principes pourtant fondamentaux sur lesquelles s’est toujours basé le mariage des civilisations traditionnelles antérieures (1)– sont incontestablement à l’origine des échecs conjugaux et de la déroute de la majorité des unions de nos jours.
Comment de se fait ne pas s’étonner dans une société ou les parents exhibent fièrement leur irresponsabilité, s’entredéchirent et mettent à nue quotidiennement leur échec matrimonial devant leurs propres enfants, comment ne pas voir ces derniers se révolter contre eux un jour pour exiger qu’ils se « mêlent de leurs affaires » plutôt que de leur dicter une conduite et une morale qu’ils n’ont jamais été capables d’assimiler pour eux même ?
Autrement dit, la « rupture générationnelle » et le renversement des valeurs au sein de la cellule familiale d'aujourd'hui n’est pas à imputer seulement à l’absence physique ou morale du chef spirituel de la famille mais aussi à la mère qui n’exerce plus l’influence positive qu’elle exerçait autrefois sur ses enfants dans un cadre traditionnel. La femme moderne quant à elle, se préoccupe d’avantage de sa carrière professionnelle, de son esthétique corporelle et de sa garde robe. Elle s’adonne sans complexe à une vie mondaine et frivole au point que parfois la barrière entre « liberté » et « libertinage » n’est guère distincte.
Ce qui nous ramène indubitablement à dire quelques mots sur l’importance du critère « spirituel » en vigueur autrefois dans le monde de la Tradition et sur sa prédominance dans le choix de sa future épouse dans une société non contaminée encore par des valeurs subversives. Ainsi la tradition musulmane enseigne que « Celui qui épouse sa femme pour son argent ou pour sa famille sera finalement son esclave. Celui qui l'épousera uniquement pour sa beauté verra tous ses malheurs venir de sa beauté. Mais celui qui choisit sa femme pour sa bonne religion et sa chasteté sera tranquille pour son honneur qui est la base essentielle de la vie. » (Riyad as-Salihin, Chap 44, p147, Num 362). Il est inutile de rappeler que ces mêmes réflexions s'appliquent de nos jours aussi bien aux hommes qu'aux femmes du faite de l' « émancipation » de la femme et du bouleversement de tous les rapports sociaux en vigueur autrefois.
A revenir au système éducatif actuel qui à nos yeux contribue directement à accentuer la crise spirituelle que connaissent la plupart des jeunes d’aujourd’hui, nous résumerons la situation actuelle en disant ceci : en prenant soin d’écarter de l’éducation des enfants toute référence à la religion ou à la spiritualité, domaines jugés irrationnels et non conforme aux exigences de la société moderne, les parents d’aujourd’hui pensent préserver de la sorte le potentiel intellectuel de leur progéniture afin qu’il puisse s’exprimer dans des domaines utilitaristes ou « élémentaires » jugés comme plus importants que le reste. Ainsi, l’éducation moderne se résume à la simple transmission des parents à leurs enfants d’une pseudo éthique sociale utilitariste revêtue de quelques principes moraux laïques (2) dénoués de toute transcendance. Principes destinés surtout à injecter à l’enfant une bonne dose d’un « savoir vivre » urbain ou d’un panel de conventions et de règles de bonne conduite, qui auront finalement pour seule fonction de préparer son intégration future au monde de la production matérielle et son introduction petit à petit à la société de consommation (3).
Cette approche pragmatique dans l’éducation des enfants, à la fois dispensée au sein de la cellule familiale puis appuyée par le système éducatif scolaire (4) et la mentalité générale contribue largement à la « fabrication » d’individus purement « profanes », dit aussi « préformatés ». Individus qui assimileront sans peine l’idéologie et la propagande du système, ainsi que le mode de vie qui survalorise le travail, la consommation et les plaisirs, car de leur point de vue et vu leur situation il s’agira de l'unique mode de vie que ce type d’hommes connaissent et qui d'après eux est le seul digne d’être authentique.
Si nous signalons plus haut que les difficultés existentielles que rencontrent les jeunes de nos jours sont intimement liées à l’éducation reçue de leur entourage proche ou de l’école, il est également clair que l’approche contemporaine vis-à-vis de la religion, ou de toute forme de spiritualité si elle est effective dans certaines situations exceptionnelles, dans la majorité des cas elle ne peut être que stérile. Autrement dit, elle ne reflétera que le cheminement éducatif qu'emprunte l'homme ainsi que l'influence que ce dernier reçoit de son entourage depuis l'enfance jusqu'à l'âge adulte. Là encore, on retiendra comme référence à ce propos le point de vue traditionnel qui à travers deux célèbres hadiths prophétiques nous enseignent que : « Chaque enfant naît avec une Fitra pure et saine qui peut-être par la suite, déformée par l'influence de l'environnement ou de l'éducation » (Rapporté par al Boukhari et Mouslim), ou encore : « Tout enfant connaît Allah à la naissance par sa fitra . Mais ce sont ses parents qui font de lui un juif, un chrétien ou un zoroastrien. » (Hadîth rapporté à l'unanimité)
Il est donc indispensable avant d’aborder la deuxième partie de notre développement de prendre en considération tout ce qui vient d'être dit, ce qui servira non seulement pour identifier l’origine de la crise étudiée ici mais sera également utile pour tracer une ligne de conduite à ne pas perdre de vue pour ce qui va suivre ; car en réalité tous les problèmes que rencontrent les jeunes d’aujourd’hui garçons comme filles, sont directement liés à l’abandon rituel et dogmatique de la tradition religieuse qui été l’essence même de la vie de l’homme d’autrefois. Ce dernier, malgré toutes les difficultés matérielles et physiques qu'il rencontrait dans sa vie courante, a toujours su trouver le bonheur dans la dignité pour sa propre personne et l’harmonie et la paix avec autrui en se plaçant, à chaque fois que l’heure été grave, loin des préoccupations bassement matérielles et sentimentales qui préoccupe tant l’homme moderne : « Celui qui trouve le bonheur, qu’il rende grâce à Dieu et celui qui trouve autre chose qu’il ne s'en prenne qu’à lui-même. » (Hadith divin rapporté par Muslim)
(1) Le mariage sacré tel qu’il était envisagé dans le monde de la tradition considère que l'unité entre l’homme et la femme ne peut être réellement effective que s'il y a d’abord unité de pensée et d'objectif sur le plan spirituel.
(2) Se référer à nos écrits à ce sujet dans la chronique « Croyant mais non pratiquant » sur l’origine, l’évolution et la fonction de la morale laïque.
(3) Pour arriver à ce but, l’initiation à l’individualisme consumériste fait son chemin dès le plus jeune âge chez l'enfant moderne où le modelage de son esprit (alors en pleine croissance) dans le sens profane du terme se résume par un véritable conditionnement de ce dernier en l’accommodant à tout ce qui est d’ordre pratique, sentimental ou en rapport étroit avec des intérêts purement matériels. Ainsi par un système efficace, tout ce qui ressort du champ religieux ou spirituel se retrouve rapidement mis de côté, principalement en raison de son apparente « inutilité ». Ceci se traduit chez nos contemporains par la mise en valeur et le développement de tout ce qui est en accord absolu avec l’usage « commun » et uniquement en conformité avec le domaine sensible.
(4) Se référer à notre chronique « L'éducation scolaire à rebours »
Le progrès des apparences (1/2)
Estime de soi - Respect d'autrui
Mythes & impostures de la modernité (3/3)
L'éducation libérale
Mythes & impostures de la modernité (2/3)
Mythes & impostures de la modernité (1/3)
Arithmétique de zakat el-mal
Sunnisme & Chiisme en islam
L’empire du gâchis
Les sentiers de l’égarement
Vers une nouvelle ère spirituelle ? (2/2)
De la Tolérance en Islam
Vous dites Humanisme ?
Vers une nouvelle ère spirituelle ? (1/2)
Une Jeunesse : "Red Bull" (2/2)
Conversion, voile et soumission
L'Antéchrist en islam (Al Dajjâl)
La vérité sur l’esclavage (2/2)
La vérité sur l’esclavage (1/2)
L'éducation scolaire à rebours
La foi et la raison
Otez moi ce voile...!
L’Esotérisme d'Abraham
Connaissez-vous Luqman ?
Vivre dans l’insouciance
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