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    Le pouvoir d’Ali s’affaiblit

    Dans l’armée conduite par Ali, beaucoup furent ceux qui refusèrent l’accord conclu entre le calife et Muawiya, qu’il considérait comme défavorable envers Ali et même irréligieux.

    De plus, dans toutes les provinces sous le contrôle du calife, la population se divisa également entre les partisans d’un accord avec Muawiya et ceux regrettant que l’armée n’est pas écrasée le gouverneur de Syrie.

    Enfin, Kufa, la toute jeune capitale de l’empire vit se créer une nouvelle fraction du nom de Kharidjites (9). Ce groupe se déclara aussitôt indépendant de l’autorité du calife, et dirigé par un musulman du nom de Shith bin Rabi. Pour ces derniers, seul Dieu doit être obéi, et Ali autant que Muawiya étant dans l’erreur, leur autorité n’a donc plus de valeur.

    Ali eu beau essayer de raisonner ses hommes, leur assurant que le jugement rendu par les deux juges serait en conformité avec le Livre d’Allah, ces derniers restèrent cependant dans un grand doute concernant le peu d’autorité dont jouissait maintenant le calife sur son empire. Le fait aussi que beaucoup de musulmans soient mort pour rien augmentait la colère au sein du peuple.

    Après les six mois de délibération, les juges se rencontrèrent en un lieu neutre à Doumat al Jandal (10), et décidèrent d’un commun accord qu’il était de leur devoir de nommer un nouveau calife, en remplacement d’Ali devenu trop impopulaire au sein de son royaume. Ils se mirent également d’accord sur le fait que Muawiya ne pouvait également être nommé pour le califat.

    Le juge envoyé par Ali, Abou Moussa, s’adressa à la foule pour proclamer la décision de retirer le califat à Ali et d’en proclamer un nouveau hormis Muawiya. Le juge envoyé par Muawiya, Amr bin Aas s’adressa ensuite à la foule en proclamant également l’éviction d’Ali, mais ajouta, en violation avec sa parole antérieure, que Muawiya pouvait très bien être calife. Se rendant compte qu’ils venaient d’être bernés, les partisans d’Ali s’en allèrent, non sans montrer leur mécontentement, fort déçus par le manque d’honnêteté dont venait de faire preuve Muawiya et son juge.

    Ali du reconnaître que Muawiya n’avait nullement eu le souhait de juger selon le Livre de Dieu, et qu’il s’était fait berner la trêve négociée lors de la bataille de Siffin.

    A partir de là, la branche des kharijiites se renforça et s’installa à Nehrwân. Ils admettaient uniquement l’autorité de Dieu, en refusant toute allégeance à un calife (11). Ali, devant l’impossibilité de leur faire entendre raison pacifiquement, du mater lui–même la rébellion de ces dissidents au cours de la bataille de Nehrwân. Cependant leur influence continua à se répandre dans le royaume.

    Destituer Muawiya était la principale priorité d’Ali. Pourtant, du fait de son autorité déclinante, il dut se rendre à l’évidence qu’il ne pourrait jamais réunir suffisamment d’hommes pour le vaincre. Pendant ce temps, Muawiya à la tête d’une armée de plus d’une dizaine de milliers d’hommes, avait réussi à s’emparer aisément de l’Egypte, grâce au ralliement d’une partie des habitants de la province égyptienne de Khartba.

    Peu de temps après, les provinces du Hijaz furent aussi récupérés par Muawiya, qui réussit même à obtenir de son messager, un homme cruel du nom de Bisr, l’allégeance de la population de Médine et de la Mecque. Bisr se rendit ensuite au Yémen, et massacra de nombreux partisans d’Ali. Le calife était maintenant en danger sur ses propres terres.

    Mort d’un héros et naissance du mouvement Chiite

    Après la guerre qui opposa les partisans d’Ali et ceux de Muawiya, et les événements qui s’en suivirent, Ali commença à se rendre compte qu’il avait été mis en défaut sur le terrain politique, pris du recul et se résigna à l’arbitrage populaire des musulmans.

    Peu de temps avant de mourir, il leur déclara « Je ne vous ordonne rien, je ne vous interdis pas non plus de choisir qui vous voulez ».

    De leur coté, les kharijis souhaitaient plus que jamais que les problèmes au sein du califat perdurent. Ils se moquaient ouvertement d’Ali, de Muawiya et de son second Amr bin Aas, qui pour eux ne valaient guère mieux. Ils montèrent ainsi un plan qui devait aboutir à l’assassinat des trois hommes le même jour, au moment où ces derniers se rendraient à la prière de l’aube.

    Or, Dieu voulut que seul Ali n’échappe pas à la tentative d’assassinat dont il fut l’objet, Muawiya parvenant à s’échapper de justesse avec une légère blessure, et Amr bin Aas restant au lit ce jour là pour cause de maladie.

    La tradition rapporte que le vendredi 19 du mois de Ramadan de l'an 41 de l'Hégire (661 après JC), Ali se rendit à la mosquée de Kufa pour accomplir la prière matinale. Alors qu’il demandait aux fidèles rassemblés dans la mosquée de se préparer pour la prière, un homme se jeta sur lui et le blessa par son épée, avant que Abderrahman Ibn Mouljam (12), ne lui porte le coup mortel.

    On raconte qu'Ali, saignant abondamment, eu le temps de murmurer l’ordre de ne pas tuer Ibn Mouljam, souhaitant le juger lui-même s’il parvenait à guérir.

    Mais, l’état d’Ali empira, et pressentant sa fin proche, il sollicita aussitôt ses fils Hassan et Hussein, et leur fit ses dernières recommandations avant de partir vers la dernière demeure.

    On relate qu’Ali s’adressa à ses fils en ses termes : « Voici mes derniers conseils : Craignez Allah et ne courrez jamais après ce monde. Ne sollicitez jamais une chose hors de votre portée. Soyez toujours véridique, clément et serviable. Arrêtez la main de l’oppresseur et aidez l’oppressé. Suivez les commandements du Coran sans prêter attention aux dires des autres ».

    Quand les partisans d’Ali demandèrent s'ils devaient prêter allégeance à son fils aîné Al Hassan, ce dernier leur laissa le choix, ne voulant probablement plus se mêler de la politique.

    Ali rendit l'âme le matin du 21 Ramadan de l'an 661, et alors qu’il rendait son dernier souffle, il répéta ces derniers versets du Coran, comme pour rappeler à ses bourreaux tout ce qu’il avait fait pour l’Islam, et tout le mal qu’on lui avait fait en retour :

    7. Quiconque fait un bien fût-ce du poids d'un atome, le verra,
    8. et quiconque fait un mal fût-ce du poids d'un atome, le verra.


    Sourate 99 : AZ-ZALZALAH (LA SECOUSSE)

    Après l’assassinat d’Ali, une partie de la communauté de ses fidèles et partisans, qui réclamaient depuis 25 ans la préséance légitime de ce dernier au poste de calife, vit en la personne d' Al Hassan, le fils aîné du défunt calife, un successeur légitime. Pour eux, le calife doit provenir systématiquement d’un membres de la sainte famille du prophète Muhammad « Ahl Al Bayte ».

    Cet évènement abouti donc à la première scission de l’Islam, avec d’un côté les Chiites partisans d’Ali, et les Sunnites, qui ne voyaient en Ali que le quatrième calife. Aussi, après la nomination de Muawiya comme successeur au califat, suite au serment d’allégeance formulé par Hassan à son égard, les sunnites finirent par se joindre au clan de Muawiya. Ce dernier allait être à l’origine d’une longue dynastie de califes : les Omeyyades, qui conservèrent le califat jusqu’en 750. Par la suite ils furent remplacés par la dynastie des Abbassides.

    Le désaccord politique entre Chiites et Sunnites allait s’aggraver pour être à l’origine de plusieurs affrontements entre les deux parties, dont les sunnites sortiraient définitivement vainqueurs puisqu’ils représentent de nos jours plus de 90% de la population musulmane.

    Auteur: Souhayl.A & Lionel.J
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    (9) Il s’agit d’un groupe de dissidents, qui représentent moins de 1% des musulmans, et dont une infime partie persiste encore au Maghreb.
    (10) Ville ancienne située en actuelle Arabie Saoudite, historiquement connue pour être une ville caravanière et par son rempart nabatéen. Elle est également citée dans les annales égyptiennes et dans la Bible.
    (11) Selon le dogme Kharijiite, toute forme d’allégeance à un humain est considéré comme « culte de la personnalité » et ceux qui la pratiquent méritent la mort.
    (12) Les deux hommes furent chargés par les kharijites d’assassiner le calife Ali.

     

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