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    Le port du Hijab

    Le port du foulard a toujours fait partie de la culture féminine en terre d'islam depuis l'avènement de la religion musulmane il y a plus de 1400 ans. Les raisons du port du voile sont principalement spirituelles et non profanes comme il peut arriver aussi dans certaines situations. Ces raisons ont été en tout cas largement abordées par nous dans le passé notamment lors d’une chronique intitulée : « Conversion, voile et Soumission » ou encore dans l’article « Voile d’illusions, voile de convictions », et nous ne pouvons revenir indéfiniment là-dessus. Cependant, s’il nous arrive de nous répéter quelque fois dans le présent article par rapport à ce qui a été déjà formulé, c’est parce que les questions que nous sommes amenés à éclairer dans ce domaine sont liées les unes aux autres et parfois de façon étroite. Il est donc important d’insister sur cette valence aussi souvent que cela est nécessaire.

    Une obligation divine ?

    Si la majorité des interprètes sérieux de la tradition islamique s'accordent à dire que le voile est une obligation divine in fine, la conversion à l'Islam d'une femme sans le port du voile est quant à elle tout a fait possible, car le hijab doit être considéré avant tout comme le signe extérieur qui reflète la maturité spirituelle de la femme musulmane. Le voile ne doit donc pas être interprété uniquement comme étant un symbole religieux mais comme un acte d’adoration qui permet à une femme d’afficher sa foi, d’exprimer sa pudicité et d’affirmer au monde extérieur son individualité humaine en tant que femme à part entière (1) et non en tant qu’objet de convoitise comme c'est souvent le cas malheureusement de nos jours. Car trop d’hommes ne font pas véritablement la distinction entre l’image que renvoie à première vue la femme et ses supposées qualités intérieures. Cela est d’autant plus avéré dans une civilisation où l’obsession sexuelle est une vraie pathologie, où la névrose du comportement et la misère du désir, poussent les hommes comme les femmes, par une espèce d'agitation permanente toujours à la banalisation de obscénité. Civilisation où le sentiment, la tentation et la jouissance vulgaire supplantent incontestablement l’endurance, la pudeur et la bonne morale. Comment s’étonner alors que dans une telle société un certain type de femmes non contaminées encore par l’idéologie féministe ne puissent pas exprimer une façon de vivre autre que par la séduction ? Une volonté morale de se protéger au maximum du regard tendancieux des libertins (ressenti comme une véritable agression) et des idées que peuvent se faire d’elles des hommes peu scrupuleux, attachés exclusivement à la chair ?

    D’un point de vue doctrinal, le voile trouve sa justification formelle dans le Coran, et plus exactement dans le verset 59 de la sourate 33, incitant les femmes à se couvrir afin de cacher aux yeux des hommes les parties de leurs corps dont la révélation pourrait atteindre aux bonnes mœurs de la société et troubler la foi des croyants.

    59. Ô Prophète ! Dis à tes épouses, à tes filles, et aux femmes des croyants, de ramener sur elles leurs grands voiles : elles en seront plus vite reconnues et éviteront d'être offensées. Allah est Pardonneur et Miséricordieux.

    Sourate 33 : AL-AHZAB (LES COALISÉS)

    Les docteurs R. Abdul Jamal et N. Juferi le soulignent d'ailleurs assez nettement dans leur argumentation en affirmant : « Tandis que le verset ci-dessus ne mentionne pas spécifiquement ce qui est le bon code de robe appliqué (indépendamment du fait que les femmes devraient couvrir leur corps), il montre clairement des expositions que le concept fondamental de base est modestie (haya’a)…..C'est le motif le plus important derrière les règles dans l'Islam, dans lequel il donne le respect total aux femmes quant à leur corps et préserve leur dignité »

    Le commandement coranique a pour but principal donc d’inciter les femmes à se couvrir pour plus de pudeur et d’éviter à ces dernières de subir les regards masculins de tout genre, la « drague intempestive » et même l’agression verbale ou sexuelle dans certains cas. Des intimidations souvent perpétuées par un type d'hommes que le Coran n’hésite pas à qualifier de « vicieux » ou de « pervers » (e-ladina fi kouloubihim maradun)
    D'autant plus que ces dégénérescences du comportement sont toujours poussées à l'extrême dans les sociétés modernes comme c'est le cas en Occident depuis la « révolution sexuelle » des années soixante-dix, dont une des revendications principales fut exprimée par le fameux slogan : « Vivre sans temps morts et jouir sans entraves ». Depuis lors en Occident, toutes les barrières morales furent abolies les unes après les autres, et remplacées au nom d'une pseudo « évolution des mœurs » par de simples « conventions sociales » utilitaristes et dénouées de toute transcendance dont on commence à peine d'entrevoir tous les méfaits (Les tendances « ultra libertaires » de la société moderne, l'«exhibitionnisme publique » et tout ce qui découle aujourd'hui de « l'inculture pornographique » illustre parfaitement cette liquidation de la morale au nom d'un individualisme jouissif et consumériste. Elle confirme aussi amplement cette « régression » des valeurs que nous évoquions plus haut).

    Ainsi du point de vue de l’islam, pour que le rapport entre l’homme et la femme soit sain et sur le même plan, il faut donc qu’il soit envisagé en dehors de la question physique ou de tout ce qui peut sous-entendre une "séduction" entre les deux sexes. Pour que cela puisse s'accomplir, un équilibre "de fait" ne peut être atteint que par l’absence de ces critères d'ordre "sexuel" ou "subversif". Tel est aussi le sens du hadith prophétique qui dit : « Il n y a pas un homme et une femme qui soient en solitude tant que Satan est parmi eux » (rapporté par Moslim)
    A partir de toutes ces considérations nous pouvons dire maintenant que derrière le port du voile islamique, la valeur principale qui est véhiculée est la pudeur dans la mesure où elle procure à la femme une "égalité-respectabilité" en gommant naturellement son image « sexualisante ».

    31. Et dis aux croyantes de baisser leurs regards, de garder leur chasteté, et de ne montrer de leurs atours que ce qui en paraît et qu'elles rabattent leur voile sur leurs poitrines; et qu'elles ne montrent leurs atours qu'à leurs maris, ou à leurs pères, ou aux pères de leurs maris, ou à leurs fils, ou aux fils de leurs maris, ou à leurs frères ...

    Sourate 24 : An-Nur (LA LUMIERE)

    Enfin il est également important de rappeler à ce stade que le port du voile n’est absolument pas une spécificité de l’Islam, mais qu’il a toujours été présent dans toutes les sociétés et traditions dites « sacrées » ayant précédé l’islam. Pour donner un aperçu de cette affirmation il suffit de revenir aux premiers textes assyriens qui recommandaient aux femmes il y’a plus de quatre mille ans de porter le voile comme signe de noblesse et pour se distinguer des servantes ou des prostitués. Pendant très longtemps et sans aucune contrainte la femme méditerranéenne, hindoue ou juive a donc portée le voile comme supplément vestimentaire positif et même bénéfique pour son statut social. L’avènement du christianisme ne dérogea nullement à cette tradition, puisqu’à lire les premiers pères de l’Eglise dont Saint Paul (2) ou Tertullien auteur « Du voile des vierges », il apparait clairement que depuis le début du christianisme le voile fut fortement conseillé aux femmes chrétiennes. De nos jours encore, une femme ne peut se présenter devant le pape sans couvrir sa tête. Et c’est d’avoir la mémoire courte que de stigmatiser l’islamité du voile et de passer sous silence le faite que pendant des siècles, les femmes acquérant un certain « rang social » ou faisant partie de « la bonne société » en Occident ne seraient jamais sorties en publique « tête nue » comme ce fut le cas massivement depuis la fin des années 60 et une certaine « révolution sexuelle » (3).

    (1) Pour ne pas prendre le risque d’être mal compris, nous ajouterons ici que la nature féminine englobe aussi bien les qualités « morales » que physiques. A cela il faut aussi ajouter l'éventuelle absence d’une de ces deux qualités ou même les deux à la fois. Or dans le cas de la femme qui exhibe volontairement ces atouts physiques (avec toutes les conséquences que la "séduction" induit sur le sexe opposé), si ces atouts sont mis abusivement en avant –ce qui tient uniquement de la volonté de la femme– au détriment des autres qualités « non visuelles » comme les qualités morales, ces dernières se trouvent rapidement voilées par les premières (physiques). Ceci brouille ainsi « psychiquement » chez l’homme la nature première de la femme qui ce retrouve fort atrophiée et remplacée par une autre image à connotation exclusivement physique et sexuelle. D’où la mise en avant dans les anciennes civilisations traditionnelles de certaines qualités comme « la pudeur » (symbolisée par le foulard dans la culture musulmane) qui exercent dans l’exemple que nous venons de citer ici une fonction équilibrante.
    (2) Lire à se sujet Saint Paul dans les épîtres aux Corinthiens (11 : 2-16), qui confirme le statut du voile féminin comme instrument d’adoration, et qui est plus que limpide quant au mode vestimentaire féminin à adopter. Pour les critiques de l’islam, il est à signaler que concernant le port du voile, Paul est d’une radicalité inouie et peu vue dans les traditions monothéistes quand il déclare : « Si donc une femme ne se couvre pas la tête, alors, qu'’on lui rase les cheveux ! Mais si c'est une honte pour une femme d'avoir les cheveux coupés ou tondus, qu'elle se couvre. »
    (3) Si la modernité et plus précisément ce que les modernes appellent « évolution des mœurs » a fait quasiment disparaitre le voile de l’espace publique occidental, il en demeure tout de même que l’on peut observer encore dans certains campagnes d’Europe (Portugal, Roumanie, Grèce...) ou d’Amérique latine, des femmes portant un certain type de voile.

     

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    Dernière mise à jour : 01/08/2014 - Nombre visiteurs : 9774066
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