Le prophète de Dieu entreprend de réaliser une dernière fois le pèlerinage à la Mecque et explique notamment aux musulmans les différents rites qui le composent. Sentant depuis plusieurs temps déjà sa fin proche, Muhammad (PBSL) prononce alors un discours d'adieu, sous forme de pacte que les musulmans s'engageront à tenir une fois qu'il ne sera plus de ce monde.
Le mois de Dhu al Hijjah, approchant, le prophète de Dieu (PBSL) se préparait pour accomplir une ultime fois le pèlerinage, avec ses compagnons de Médine et ceux qui voudraient éventuellement le suivre. Bientôt, la nouvelle de son prochain départ pour la Mecque se répandit dans toutes les régions voisines de Médine, et de nombreux pèlerins affluèrent afin de suivre le prophète de Dieu (PBSL) dans sa procession. Des milliers et des milliers de pèlerins de chaque ville et village virent camper aux alentours de Médine, pour atteindre le nombre jusqu'alors gigantesque d'un peu plus de 100 000 fidèles.
Tout ces hommes ne se connaissaient pour la plupart même pas, peut-être même avaient-ils étaient des ennemis auparavant, et pourtant ils se trouvaient maintenant unis dans le même but : l'adoration exclusive de Dieu. En ces jours proches du départ, la lumière de Dieu inondait la ville de Médine, et les visages rayonnants de foi des pèlerins exprimaient leur plénitude intérieure et leur foi en la Vérité.
Le 25 du mois de Dhu al Qi'dah de l'an 10 de l'Hégire, le prophète de Dieu (PBSL) partit de Médine vers la Mecque accompagné de chacune de ses épouses. Ils arrivèrent le soir même à Dhu Al Hulayfah (2) et y passèrent la nuit. Le lendemain, le prophète (PBSL) mis son habit traditionnel de pèlerin (deux pièces de tissus blancs non cousus), et tous les musulmans l'imitèrent. On rapporte que sur le chemin de la Mecque, Muhammad (PBSL) s'arrêta à chaque mosquée rencontrée, pour y prier.
Il avait entrepris de réaliser le rituel du pèlerinage dans sa totalité, afin qu'après son départ, aucune confusion n’en soit possible dans la manière de pratiquer ce rite si important qui clôt les 5 piliers de l’Islam. Aussi, une fois arrivé à Sarif, il demanda à ceux qui n'avaient pas d'animal à sacrifier de n'accomplir que le petit pèlerinage de l’Umra (3), et à ceux disposant des bêtes nécessaires de réaliser le pèlerinage complet (Hajj).
Une fois arrivé à la Kaaba, le 4 du mois de Dhu al Hijjah le prophète de Dieu (PBSL) se hâta vers le sanctuaire sacré, et embrassa la pierre noire qui se trouvait à son pied. Il fit ensuite 7 fois le tour de la maison sacrée, dont les 3 premiers tours plus rapidement que les suivants. Muhammad se rendit ensuite au sein de la Kaaba, et y pria, puis retourna à l'extérieur pour embrasser à nouveau la pierre noire.
Il se rendit ensuite sur le Mont Al Safa, et performa les allers/retours entre « Al Safa » et « Al Marwah », accomplissant ainsi le rituel de «A Saaii » (4). Le prophète de Dieu (PBSL) annonça ensuite à ceux qui n'avaient pas de bête à sacrifier qu'ils pouvaient se séparer de leur vêtement rituel et arrêter le pèlerinage mineur qu'ils venaient d'accomplir. Certains hésitèrent, manifestement troublés à l'idée de finir si vite ce pour quoi ils étaient venus de si loin. Cette hésitation irrita le prophète de Dieu (PBSL) qui se rendit dans sa tente. Lorsqu'un pèlerin entra dans sa tente, le prophète lui expliqua qu'en sa qualité de prophète, il s'attendait à ce que son peuple lui face confiance et lui obéisse et que s'il n'avait pas apporté de bêtes à sacrifier, il aurait lui même arrêté le pèlerinage et quitté ses habits de pèlerins. Quand ces paroles parvinrent aux oreilles des pèlerins, tous ceux qui devaient accomplir le pèlerinage mineur retirèrent avec amertume leur habit de pèlerin.
Le huitième jour du mois de Dhu al Hijjah, le prophète de Dieu (PBSL) entreprit le reste du pèlerinage, en se rendant à la ville de Mina pour y passer une journée entière. Durant la journée, il s'employa à réaliser la totalité des prières obligatoires. Le lendemain, il conduisit la prière de l'Aube, et au premier rayon de soleil, se rendit avec son chameau sur le mont Arafat, suivit par des milliers de pèlerins tous attentifs, et copiant les faits et gestes du messager de Dieu. Une fois en haut, ils récitèrent la « Talbyah » et le « Takbir » deux invocations qui consistent à clamer avec grandeur et sincérité le nom de Dieu « Labaika Allahou ma labaik, labaika la charika laka labaik » et « Allahou Akbar, Allahou Akbar… ». Le prophète de Dieu demanda ensuite que l'on installa sa tente à un point nommé Nimrah.
Quand le soleil atteint le Zénith, Muhammad (PBSL) s’était préparé à faire ses dernières recommandations à son peuple, à travers un discours improvisé d'une rare intensité émotionnelle.
Muhammad (PBSL), d'une voix forte et claire, s'adressa à son peuple en ces termes :
Ô gens, écoutez ma parole. Il se peut que vous ne me trouverez pas parmi vous l'année prochaine en cet endroit. Dieu bénisse celui qui m’entendra et me comprendra. Et qui portera cette parole à celui qui ne sait pas, comme à celui qui en sait plus que lui.
Sachez que Votre vie, vos biens et votre honneur jusqu'à ce que vous rencontriez votre Dieu, sont aussi sacrés que ce jour et ce mois et la terre où vous vous trouvez à présent. Sachez que trois choses ne vous seront reprochées : le dévouement au service de Dieu, le bon conseil donné aux gens qui décident, la fidélité à la communauté des musulmans. Vous rencontrerez votre Seigneur qui vous interrogera sur vos actes. Ai-je bien transmis ? (Ala kad balagh’t )
Quiconque a un dépôt placé chez lui en confiance, qu'il le rende comme il se doit à qui lui a confié. Toute usure est annulée. Vous n'avez droit qu'au capital de votre prêt et aucun ne doit être lésé. Dieu a décrété qu'il n'y a pas d’intérêt. Ainsi, l'intérêt du prêt d'Al 'Abbâs (mon oncle) Ibn Abd al Muttalib est annulé.
Tout sang versé avant l'Islam n'est plus revendiqué, à commencer par le sang de Rabi'ah Ibn al Hârith Ibn Abd al Muttalib. Il était allaité chez les Bani Leyth et les Houdheyl le tuèrent. C'est donc le premier (renoncement) par lequel je commence parmi les (affaires de) sang ayant eu lieu dans la Jâhiliyya (avant l'Islam).
Ô gens ! Satan a perdu tout espoir d'être adoré, ici, sur votre terre. Mais il se contente d'être obéi en dehors de cela et s'accommode de vos actes que vous jugez négligeables. Prenez garde de lui pour votre foi.
Hommes ! Le report du mois sacré n'est qu'un surcroît d'infidélité. Les impies n'en seront que plus avancés dans l'erreur. Ils profanent le mois une année et l'interdisent une autre année, sous prétexte de respecter la durée (des mois sacrés) que Dieu a interdite. Ainsi, ils rendent licite ce que Dieu a interdit et interdisent ce qu'il a permis.
Le temps a fait un cycle complet comme au jour où Dieu a créé les Cieux et la Terre. Le nombre des mois par Dieu est de 12. Sur ce nombre, 4 sont sacrés : trois consécutifs et le quatrième est Rajab, celui de Modar, entre le mois de Joumada et celui de Chaaban.
Oh gens! Vous avez des droits sur vos femmes et elles ont les leurs sur vous ! Traitez les comme Dieu vous l’ordonne. Vous pouvez leur interdire d’accueillir sur votre couche ceux que vous n’aimez pas ou d’y commettre une turpitude avérée. Si elles le faisaient, Dieu vous autorise alors, à ne pas les côtoyer dans la couche, et (si cela ne suffit pas) à les corriger, mais sans pour autant recourir à un surcroît de violence. Enfin, vos femmes peuvent exiger de vous le droit d’être nourries et vêtues comme il le convient. Recommandez-vous de faire du bien aux femmes, car elles sont (telles des) "prisonnières" ('awân) chez vous et ne disposent pas de pouvoir personnel, (car) Dieu vous les a confiées en dépôts et vous a permis de les approcher.
Entendez bien, ô gens, ma parole, car moi, j'ai annoncé et transmis.
Je vous ai transmis le Livre de Dieu que, si vous vous conformez à Ses commandements, vous prémunira contre tous les égarements, ainsi que la conduite (Sounna) de Son Prophète. En vous attachant à ces deux choses, vous serez toujours sur la Droite voie.
Hommes ! Écoutez ma parole et méditez-la. Vous savez que chaque musulman est un frère pour le musulman, que les Musulmans sont frères. Il n'est donc permis à une personne de (prendre de) son frère que ce qu'il lui a donné de bon gré. Ne vous faites donc pas du tort ! Ai-je bien transmis le message ?
Vous comparaîtrez un jour devant Dieu, c'est pourquoi vous devrez éviter de vous égarer et de vous entretuer après ma mort. Que ceux qui sont ici présents transmettent ce message aux absents, ils le comprendront peut être mieux que ceux qui l'auront écouté. Vous serez interrogés à mon sujet, que direz vous alors ? Les musulmans répondirent alors :
- Nous attesterons que tu nous as transmis le Livre, et que tu as agi et que tu nous a guidés, selon ses commandements.
Le Message de Dieu pointa alors le ciel de son index et répéta : « Seigneur, je te prends à témoin, Seigneur, je te prends à témoin, Seigneur, je te prends à témoin ».
Au fur et à mesure que le prophète de Dieu répétait ce discours, Rabi'ah Ibn Umayyah Ibn Khalaf répétaient les phrases aux pèlerins et leur demandaient s'ils avaient bien tout compris et retenu.
Le prophète de Dieu (PBSL) leur demanda ensuite :"Savez-vous quel jour nous sommes ?", et ils répondirent : "Aujourd'hui est le jour du plus grand pèlerinage."
Ensuite, le prophète de Dieu se retira et attendit midi pour procéder aux prières rituelles du midi et de l'après-midi. Il se rendit ensuite à Al Sakharat à dos de chameau où il récita aux musulmans ce qui restera dans l’histoire comme les derniers versets révélés par Dieu à son Messager.
A l'écoute de ces mots, Abu bakr (5) se rendit compte que le message Divin venait finalement d'être transmis dans sa totalité, mais également que la vie du prophète de Dieu (PBSL) allait également bientôt toucher à sa fin. Il se mit alors à pleurer.
Il est à signaler ici que le discours de l’adieu est d'une importance capitale, et dans la tradition musulmane, on ne manque pas de le rappeler avec beaucoup d’émotion chaque année dans les mosquées, en guise de sermon et de remémoration des recommandations du prophète de Dieu (PBSL).
S’adressant à la fois à tous les musulmans présents (quelques 100 000), mais aussi aux générations à venir « que tous ceux qui écoutent devront transmettre mes paroles aux autres et les autres…», Muhammad (PBSL), voulut se rassurer que sa communauté témoignera le jour de la résurrection qu’il à bien transmis LE MESSAGE. « mon Dieu, sois-en témoin » déclara t-il ainsi en levant son index vers le ciel.
Le prophète de Dieu (PBSL) quitta Arafat et passa la nuit à Muzdalifah. Le matin, il visita le sanctuaire d’ Al-Mash'ar, et retourna ensuite à Mina où les pèlerins s'arrêtèrent pour lapider les statues représentant Satan.
Il se rendit ensuite près de sa tente, et sacrifia 63 chameaux, un pour chaque année de sa vie. Ali sacrifia le reste des animaux que le prophète de dieu avait ramené de Médine. Muhammad (PBSL) se rasa ensuite le crâne, et déclara le pèlerinage accompli.
Sa mission accomplie, le prophète de Dieu sait que sa présence sur Terre n'est plus nécessaire et que son Seigneur va bientôt le rappeler, afin de lui prodiguer sa juste récompense, pour tous les efforts qu'il aurait fourni pendant ces 23 années de combat contre l'idolâtrie et la dénégation.
(1) 11ème mois du calendrier arabe.
(2) Endroit situé à 450 kilomètres au nord de la ville de la Mecque.
(3) Se référer à notre article sur le pèlerinage >>
(4) Cette marche symbolique est censée reproduire le geste désespéré de Agar qui cherchait désespérément de l’eau pour son fils Ismaïl après avoir été abandonnée par Ibrahim (Abraham) entre les deux collines de Safa et de Marwah.
(5) Ami intime et premier calife de l’Islam après la mort du prophète. Se référer à notre article sur Abou Bakr As-Siddiq >>
Dernière mise à jour : 01/08/2014 - Nombre visiteurs : 9503400Home
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