Figure historique de l’actuelle Libye, la vie d’Umar al-Mukthar a longtemps passionné les historiens s’intéressant à l’histoire du colonialisme italien en terre Libyenne, et la résistance qui s’ensuit face à l’envahisseur, et dont Al-Mukthar, génie militaire également réputé pour sa grande piété, fut rapidement le leader incontesté.
Umar al-Mukthar est né en 1862 dans la tribu des Minifas, sur la côté Est de la Cyrénaïque (région de l’actuelle Lybie) également connue sous le nom de Marmarica. La plupart des membres de sa tribu sont des semi-nomades, et sous l’influence de la confrérie religieuse de la Sanüsiyya, avec comme centre religieux (zawiya) le plus proche situé à Janzur, le long de la côté.
C’est d’ailleurs dans cet établissement qu’Umar al-Mukthar recevra durant son enfance son éducation religieuse, domaine dans lequel il excelle tout particulièrement. Pupille admirable forçant le respect de ses ainés, il finira par être nommé sheikh de la zawiya d’al-Qasur, au sein de la tribu des Abides, qu’il quittera deux années plus tard pour entrer dans une autre zawiya plus récente fondée en 1895 et située à al-Kufra.
Son rang important au sein des Sanüsiyya l’obligera en 1906 à jouer un rôle important dans le conflit opposant la confrérie religieuse aux envahisseurs Italiens, qui finirent par prendre le contrôle de Darna et de Tripoli en 1911. Malgré le fait que Sanüsis et Italiens arrivèrent à une entente mutuelle dans les années qui suivirent, notamment par la signature du traité d’Akrama en 1917, l’armé italienne décida, sous le gouvernement Mussolini et en pleine période fasciste, d’attaquer en Mars 1923 les camps militaires dirigés conjointement par les italiens et Sanüsis.
Umar al-Mukthar se retrouvera alors à la tête de l’organisation de la guérilla chargée de ralentir la progression des troupes italiennes au sein de la Lybie, et utilisera pour cela à son compte l’avantage du terrain, relativement escarpé et ne permettant pas le déploiement de suffisamment d’hommes côté italien pour leur donner l’avantage numérique dont il bénéficierait dans des conditions de guerre classiques. Umar al-Mukthar se chargera également de veiller à ce que les préceptes de l’Islam, notamment en matière de pillage et de vendetta soient respectés, et que chacun des soldats sous son commandement fassent passer la cause de la religion avant ses envies et rancoeurs personnelles.
La stratégie d’Al-Mukthar permettra ainsi aux Sanüsis de contrôler le Sud du plateau du Jabal al-Akhdar, alors que le reste du pays était déjà sous la coupe de la dictature italienne. Il pouvait également compter sur le soutien logistique de l’Egypte, qui participait par la même à l’effort de guerre islamique. Aussi, pour tenter de mettre fin à un conflit qui risquait de s’éterniser, le gouvernement italien envoya son gouverneur officiel en Lybie, Pietro Badoglio, pour établir en janvier 1923 un traité avec Al-Mukthar. Si les clauses de ce dernier ne sont pas réellement connues, on estime qu’elles étaient tellement désavantageuse pour les libyens qu’ Al-Mukthar préféra le refuser, plutôt que d’être humilié et trahi une fois de plus par les italiens.
Aussi, les autorités militaires italiennes décidèrent d’envoyer le Général Rodolfo Graziani, qui restera tristement connu pour son extrême cruauté envers les populations civiles libyennes, notamment par la capture et la détention au sein de camps de concentration de tous nomade libyen surpris à aider logistiquement Al-Mukthar, et par sa mise en place de barricades sur la frontière égyptienne afin de couper tout ravitaillement possible.
Cette tactique du général italien finit par porter ses fruits, et la résistance lybienne fut désorganisée, pour finalement être totalement décimée le 11 Septembre 1931, près de la province de Zonta. Al-Mukhtar, et quelqu’uns de ses fidèles lieutenants furent capturés et détenus dans des camps italiens en attente de leur sentence.
Dans ses mémoires, le dernier « adversaire » d’Al-Mukthar, Rodolfo Graziani décrira le chef des Sanüsiyya en ses termes : « D’une taille moyenne, corpulent, avec des cheveux blancs, portant la barbe et la moustache. Umar a été doté d’une grande vivacité d’esprit, était un grand érudit en matière de religion, et se révélait être un homme énergique et impétueux, désintéressé et sans compromis ; jusqu’à sa mort, il restera un homme pieux et pauvre, bien qu’il fut l’une des figures les plus importantes du mouvement des Sanüsiyya. »
De même, bien que les italiens traitèrent Al-Mukthar comme une véritable « prise de guerre », ce dernier se montrait imperturbable, au grand étonnement de ses geôliers, qui l’entendaient réciter des versets du Coran portant un message de paix.
Trois jours après sa capture, Al-Mukhtar fut jugé hâtivement et condamné à la pendaison, sans véritable procès. Quand il lui fut demandé quel était son dernier souhait, Al-Mukthar prononça le verset coranique suivant : « Certes nous sommes à Allah, et c'est à Lui que nous retournerons ». La sentence sera exécuté 2 jours plus tard, le 16 Septembre 1931, et afin de démoraliser complètement la résistance libyenne, il fut décidé de pendre le chef des Sanüsiyya devant ses propres compagnons.
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