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    La pratique de la polygamie en terre d’Islam

    Le statut de la femme musulmane a toujours été l’objet de nombreuses critiques, de par la pratique encore persistante de la polygamie dans certains pays dont la religion d’état est l’Islam. Or il est important de rétablir certaines vérités qui par leur détournement contribuent à dévaloriser l’image de la femme musulmane et par extension celle de l’Islam. Nous verrons donc par la suite que le statut de la femme en Islam, et notamment sa place au sein du couple contrairement à ce que l’on pense en Occident, est loin d’être celle que certains préjugés occidentaux (façonnés par les médias) laissent supposer.

    La situation de la femme avant l'Islam

    Avant l'Islam, la situation de la femme arabe n’était guère réjouissante car cette dernière était considérée alors comme un "sous-être", voir pire encore. La polygamie atteignait un tel niveau que certains hommes pouvaient avoir 10 ou même 20 femmes. Ceci était avant tout lié aux dérives de la société patriarcale, au nomadisme des tribus Arabes et au fait que la femme n'avait aucun statut défini dans les sociétés de cette époque.

    Ainsi si ce genre de pratiques sont en contradiction totale avec celles de notre époque, il faut néanmoins sans atténuer leur gravité, les replacer dans leur contexte historique et notamment prendre en considération le fait que les conditions de vie de l'époque étaient très pénibles pour toutes les femmes de part le monde et non seulement pour les femmes arabes. Aussi, l’absence de véritables "États de droits" bien définis, combinés à d’autres facteurs d’ordres ethniques et économiques ont largement contribué à encourager le maintien du statut précaire de la femme arabe. Pour exemple, à l'époque de la Jahiliya, la femme ne disposait ni du droit de propriété, ni de celui de divorcer et même celui de vivre pouvait être remis en question dans certaines situations. Car selon la coutume préislamique, elle pouvait être ensevelie sous terre vivante à sa naissance par son père (si ce dernier éprouvait de la honte d'avoir un nouveau né de sexe féminin)

    Le statut marital de la femme avec l'Islam

    « J’en jure par Allah, nous n’accordions pas de valeur aux femmes dans la Jahiliyya, jusqu’à ce qu’Allah révélât à leur sujet ce qu’Il révéla et leur accordât et ce qu’Il leur accorda.» . (Hadith prophètique rapporté par Umar Ibn Al Khattab et consigné par Moslim)

    A la venue de l'Islam, le statut de la femme est bouleversé. En effet, Dieu révèle à travers le Coran, comment préserver la femme de toutes les perversions et injustices qui ont été commises à son égard, en fixant de nouvelles normes pour le mariage :

    22. Et n'épousez pas les femmes que vos pères ont épousées, exception faite pour le passé. C'est une turpitude, une abomination, et quelle mauvaise conduite !
    23. Vous sont interdites vos mères, filles, sœurs, tantes paternelles et tantes maternelles, filles d'un frère et filles d'une sœur, mères qui vous ont allaités, sœurs de lait, mères de vos femmes…
    24. et parmi les femmes, les dames (qui ont un mari)… Prescription d'Allah sur vous ! A part cela, il vous est permis de les rechercher, en vous servant de vos biens et en concluant mariage, non en débauchés. Puis, de même que vous jouissez d'elles, donnez-leur leur mahr, comme une chose due. Il n'y a aucun péché contre vous à ce que vous concluez un accord quelconque entre vous après la fixation du mahr. Car Allah est, certes, Omniscient et Sage.
    20. Si vous voulez substituer une épouse à une autre, et que vous ayez donné à l'une un quintar , n'en reprenez rien. Quoi ! Le reprendriez-vous par injustice et péché manifeste ?
    21. Comment oseriez-vous le reprendre, après que l'union la plus intime vous ait associés l'un à l'autre et qu'elles aient obtenu de vous un engagement solennel ?

    Sourate 4 : AN-NISA' (LES FEMMES)

    Ainsi, les premiers commandements divins sont l'interdiction des mariages consanguins avec les membres directes de la famille et l’interdiction formelle de la fornication et de la prostitution. Ensuite, le mariage rend obligatoire le paiement d'une dot de la part du mari (la Douaire), qui rejoint ainsi le patrimoine personnel de la femme. En matière d’héritage ce fut aussi une grande avancée avec l’établissement à travers une série de versets réformateurs, de véritables règles de partage en cas de divorce ou de décès de l’époux, la femme n’étant alors pas oubliée dans le partage des biens du défunt :

    7. Aux hommes revient une part de ce qu'ont laissé les père et mère ainsi que les proches; et aux femmes une part de ce qu'ont laissé les père et mère ainsi que les proches, que ce soit peu ou beaucoup : une part fixée.
    19. ô les croyants ! Il ne vous est pas licite d'hériter des femmes contre leur gré. Ne les empêchez pas de se remarier dans le but de leur ravir une partie de ce que vous aviez donné, à moins qu'elles ne viennent à commettre un péché prouvé. Et comportez-vous convenablement envers elles. Si vous avez de l'aversion envers elles durant la vie commune, il se peut que vous ayez de l'aversion pour une chose où Allah a déposé un grand bien .

    Sourate 4 : AN-NISA' (LES FEMMES)

    Il est également important d'insister sur un autre point essentiel, et qui concerne la limitation par le Coran de la polygamie et non son interdiction au même titre que la fornication ou l'alcool comme on le clame haut et fort de nos jours. Le maintien juridique de la polygamie dans la tradition musulmane est du principalement à deux raisons majeures :

    - Premièrement, en limitant le nombre de femmes par homme de façon progressive, le Coran arrête à quatre le nombre maximum de femmes qu'un musulman pourra épouser. Cependant il convient de signaler que la sourate coranique qui fixe cette règle ne s'arrête pas là, puisqu'elle "recommande" plus loin, dans le même verset de n'en épouser qu'une seule si l'on craint d'être injuste envers les autres femmes, cf Sourate 4 verset 3.
    Comme ce fut le cas donc pour l'esclavage, il aurait été impossible du jour au lendemain de changer la psychologie collective d'un peuple inconsciemment polygame depuis des millénaires, autrement que par étapes et surtout en lui laissant le temps. Ce qui se fit en limitant d'abord cette dernière dans l'immédiat par la charia', puis en recommandant progressivement aux hommes la monogamie comme meilleur modèle d'union. Ainsi le passage de la Sourate 4, justifie à lui seul cette évolution vers la monogamie, effective de nos jours dans beaucoup de pays musulmans comme ceux du Maghreb (ex : la polygamie au Maroc bien que juridiquement encore possible ne dépasse pas le 0.35% des unions : en 2005, seulement 841 actes de mariage polygamique ont été enregistrés à coté de 272.989 actes de mariages monogamique). Le maintien de la polygamie en terre d'islam doit être considéré donc comme une étape transitoire, qui tout en tenant compte de certaines réalités historiques, a eu pour but principal de préparer le terrain à l'avènement de la monogamie.

    - La deuxième raison majeure pour le maintien de la polygamie limitée en islam, et non sa suppression pure et simple du droit musulman est plus d'ordre « humain » : au temps de la période préislamique, la femme ne peut à elle seule survivre dans un environnement hostile d'où sa dépendance à l'homme qui de par sa nature, plus robuste est plus armé à surmonter les difficultés permanentes du désert. A partir de là, la société musulmane a toujours donné leur chance aux veuves et aux femmes divorcées de se remarier en toute légalité, sans éprouver aucune honte comme ce fut le cas dans d'autres civilisations. L'Islam a contribué donc par ce fait à l'établissement d'un système plus adapté à l'environnement de l'époque et plus équitable envers les femmes. Système où la femme contrairement à ce que laisserait paraître une approche trop superficielle du sujet retrouve une dignité naturelle et n'est nullement laissée pour compte ou abandonnée seule face à son destin.

    Enfin il est a signaler qu'il existe bien d'autres raisons pouvant légitimer la "polygamie conditionnée" telle que la propose l'islam, comme la question de surplus de femme dans le monde, ou le problème de la surmortalité des hommes par rapport aux femmes (surtout en temps de guerre)... raisons que nous n'exposerons pas ici car elles risquent de nous entrainer trop loin dans nos considérations.

    Quoi qu'il en soit, ce qu'il faut retenir tout de même, c'est que la polygamie "musulmane" constitue encore de nos jours une réponse naturelle à certains problèmes de l'existence (d'où sa non disparition totale de la jurisprudence musulmane). Elle a surtout été une étape nécessaire pour aller vers la monogamie dans la mesure où elle a toujours tenue compte à travers le temps des réalités existentielles des hommes et des femmes sans contraindre aucune partie à supporter une charge plus qu'elle ne peut le faire. De nos jours la majorité des pays musulmans pratiquent la monogamie, qui rappelons le, est le fait de plus de 95 % des unions contemporaines en terre d'islam.

     

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    Dernière mise à jour : 01/08/2014 - Nombre visiteurs : 9774066
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