« Il n'est pire intolérance que celle de la raison. » (Miguel de Unamuno).
La civilisation occidentale que l'on n’aurait aucune peine à qualifier « d'areligieuse » a en l’espace de quelques siècles, établi un clivage fort entre la religion et la science, ou plus spécifiquement entre ce qui est du ressort de la Foi et ce qui est domaine de la Raison de telle façon qu’il n’est plus possible en Occident d’évoquer la foi religieuse sans s’exposer à des préjugés tendancieux et sans esquisser une véritable calomnie.
Cette confrontation entre les domaines spirituel et sensible, qui se traduit parfois par une vrai opposition à toute forme de spiritualité en Occident, est une véritable anomalie dans l’histoire de l’humanité, dans la mesure où jamais l’homme n’a chuté aussi bas de son être, ni n’a été aussi éloigné de sa véritable nature.
Le philosophe Henri Bergson a écrit un jour : « On trouve des sociétés qui n'ont ni science, ni art, ni philosophie. Mais il n'y a jamais eu de sociétés sans religion. ». Albert Einstein lui-même a dit : « La science sans religion est boiteuse, la religion sans science est aveugle. »
Peut-on de nos jours être croyant et raisonner convenablement ? Y a-t-il réellement une possible dualité entre la Foi et la Raison ? « Une vérité de la Foi » et « une vérité de la raison » ? Ou encore, la religion représente t’elle de nos jours un obstacle au développement intellectuel de l’homme ?
La raison :
La raison est une qualité spécifique au genre humain, qui d’après les philosophes, permet à l’homme par sa capacité de raisonnement de se différencier de l’animal qui lui ne sollicite que ses réflexes d’ordre instinctifs. Elle lui permet également de distinguer le bon du mauvais, de démêler le vrai du faux : la vérité de l’erreur.
La raison constitue donc une composante à part entière de l'intellect de l'homme, mais englobe t’elle à elle seule toute l’intelligence humaine ? Autrement dit, permet-elle à elle seule d'appréhender par son usage tous les domaines de l’existence, sans aucune limite apparente, y compris ceux que la science actuelle qualifie des plus mystérieux ?
Descartes voyait dans la raison, « la lumière naturelle » par laquelle nous sommes à même d’utiliser les principes et les idées mises en nous (Descartes, Discours de la méthode). Mais si Descartes s’oppose à l’empirisme anglo-saxon, qui voit la raison comme étant uniquement le résultat d’une expérience sensible, il ne va jamais jusqu'à admettre l’existence d’autres facultés supérieures à la raison qui permettent à l’homme par exemple de transcender sa condition.
Quoi qu’il en soit, si le rationalisme qui a pour pivot essentiel « la raison » vu le jour à une époque où la religion avait encore toute sa place dans le dispositif mental des gens (ce qui n’est plus le cas de nos jours), par ses postulats les plus concrets, il se place d'une façon diamétralement opposée, aux principes même de la foi et in fine à ceux de la religion.
Son succès pratique, qui ne s’est pas démenti depuis Descartes, a cependant fortement contribué à la montée de l’athéisme en Occident qui très vite se trouva résolu à nier toute vérité dont le cheminement est en dehors de la raison. C’est de là en fait que viennent aussi toutes les influences matérialistes si ancrées dans la mentalité moderne, car rationalisme et matérialisme sont lié par plus d'un coté. C’est également ainsi que l’intérêt pour tout ce qui est matériel à pris le pas sur le spirituel dans l’esprit des gens.
Cependant le point de vue « rationaliste » tel que nous le connaissons aujourd’hui fut connu depuis fort longtemps par les anciens, avant même que Descartes ne le formule concrètement.
Pythagore disait il y a plus de 2500 ans : « La raison ne peut point, de son propre mouvement, arriver à la sagesse et trouver la vérité, parce qu'étant placée au milieu d'une sphère, et forcée d'y décrire, du centre à la circonférence, un rayon toujours droit et subordonné au point de départ ; elle a contre elle l'infini, c'est-à-dire que la vérité étant une, et résidant dans un seul point de la circonférence, elle ne peut être l'objet de la raison qu'autant qu'elle est connue d'avance, et que la raison est mise dans la direction convenable pour la rencontrer. »
Il fut donc une époque ou les modes de pensées telle que la contemplation pour ne citer que celle-ci, prédominaient sur la raison, un temps où les sages hindous, les scolastiques andalous ou les néo-platoniciens alexandrins ou grecques n'ont jamais accordé à la raison une place aussi importante que celle dont lui fait part les "intellectuels" modernes.
Pour eux il fut inconcevable qu’une faculté qui fait appel aux formes d’intelligence les plus infra humaine puisse permettre à l’homme de percer les mystères de l’esprit Ar-ruh ou ceux du monde subtile Alam al-ghayb. Mais les relativismes contemporains poussent la plupart des gens aujourd'hui à tout réduire instinctivement à la raison ou à toujours nier ce qui les dépasse.
La foi :
La plupart des religions dites « de salut » enseignent que la foi en Dieu est une faculté supra humaine, présente en chacun de nous. Une interprétation littérale de la foi est aussi exprimé par le mot « confiance », et c’est effectivement la confiance en un Dieu Unique, en des principes supérieurs et transcendants qui distingue la foi monothéiste des autres, mais là n’est pas le sujet que nous développons ici.
Si la foi en Dieu est une faculté intrinsèque à l’homme, elle s’exprime néanmoins individuellement chez les croyants, toutes religions confondues, à des états divers et variés. Il est curieux de constater que même ceux qui s’estiment être dénués de toute religion, ceux qui se proclament comme étant des « Athées » purs et durs, invoquent instinctivement le secours de Dieu face à un événement qui les dépasse, qui met leur vie en péril ou devant lequel ils sont impuissants: « Quand ils montent en bateau, ils invoquent Allah Lui vouant exclusivement leur culte. Une fois qu'Il les a sauvé [des dangers de la mer en les ramenant] sur la terre ferme, voilà qu'ils [Lui] donnent des associés. » (Coran 29:65)
La tradition musulmane enseigne que : « l'élan de la foi est constitutif de la personne humaine ». La foi, bien qu’étant complémentaire avec la raison, prend donc une place supérieure à celle-ci dans le cœur du musulman. Dieu incite d’ailleurs le croyant dans de multiples passages du Coran à la contemplation est à la réflexion sur sa création et celle de l’univers : « Il y a certes dans les cieux et la terre des preuves pour les croyants. Et dans votre propre création, et dans ce qu'Il dissémine comme animaux, il y a des signes pour des gens qui croient avec certitude. De même dans l'alternance de la nuit et du jour, et dans ce qu'Allah fait descendre du ciel, comme subsistance [pluie] par laquelle Il redonne la vie à la terre une fois morte, et dans la distribution des vents, il y a des signes pour des gens qui raisonnent. » (Coran 45 :3-5)
Qu’est ce que donc la foi sinon une activation des fonctionnalités les plus supra humaines de l'être ? La révélation (al-wahy’) réservée aux prophètes, la vision mystique (ar-ru'yâ) des gnostiques ou la bonne guidance (al-basîra) des pieux sont aussi des exemples concrets que l'on pourrait citer ici pour illustrer les possibilités manifestes et infinies que Dieu mis dans sa création la plus parfaite qui est l'homme. Mais la plupart des modernes de ce monde nient l'authenticité de tout ce qui les dépasse et de tout ce qui est de l'ordre de l'indéfini du mystère. Ils le déclarent comme étant non existant ou inconnaissable et préfèrent borner leur esprit avec des conceptions mentales et des schémas de pensées issus des sciences rationnelles et de la philosophie moderne qui sont tout sauf transcendantes. De là vient toute la rigidité spirituelle qui frappe la plupart de nos contemporains vivants en Occident.
L'islam enseigne donc que la foi et la raison sont étroitement liées dans la mesure ou les deux peuvent guider l'action de l'homme, ce dernier ayant reçu de Dieu les moyens nécessaires pour bien se guider, tout en faisant preuve de suffisamment de clairvoyance pour séparer le bon du mauvais : « La bonne action et la mauvaise ne sont pas pareilles. Repousse (le mal) par ce qui est meilleur; … » (Coran 41 :34)
Il est donc clair que contrairement aux courants de pensées « spéculatifs » qui font appel uniquement et strictement à la raison et qui peuvent semer le doute dans les esprits (il n’y a qu’a voir comment les scientifiques détruisent mutuellement leurs propres théories au fil du temps), la foi quant à elle stabilise l’être dans ses convictions et lui procure la certitude en Dieu et en l’au-delà : « le fait de voir Dieu par l'oeil de la foi et de la certitude nous a libéré de tout recours à la pensée discursive », disait Abû l-Hasan al-Shâdhilî (rahimahou allah)
De façon générale si l'esprit « rationnelo-scientiste » s'est propagé aussi rapidement dans le monde moderne pour aboutir carrément à une mentalité « profane » et « hégémonique » (puisqu’en dehors du monde sensible elle ne tolère aucune autre possibilité de manifestation), c’est en grande partie à cause de l'oubli de la spiritualité et la destruction de toutes les principes et valeurs issues de la religion catholique. La mise en pratique en Occident du cartésianisme et des schémas de pensée issus de la philosophie dite « des Lumières » a contribué fortement à forger des esprits focalisés exclusivement sur le confort matériel, le divertissement dans l’insouciance la plus totale et l’assouvissement des besoins immédiats.
En Islam, la véritable intellectualité ne peut consister dans le fait de maîtriser la pensée spéculative et discursive, d’être capable de lire les grands classiques littéraires ou de bien assimiler les courants philosophiques les plus en vogue, mais c’est avant tout « la bonne guidance » de l’intellect et du cœur, guidance à la portée du bédouin le plus illettré comme du plus mandarin des hommes et que l’on ne peut acquérir que par la sincérité dans sa foi en Dieu, seigneur des univers.
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