CHRONIQUE : Le sens de la soumission en islam
par Lionel. J

L’Islam, dernière religion révélée, peut se traduire entre autre par le mot « soumission » en français. Son dogme repose donc sur l’obligation du croyant de se soumettre à Dieu et à ses commandements.

Or, l’on assiste de nos jours à une dégradation de plus en plus importante du comportement des musulmans au sein de la Ummah, et notamment de sa composante présente en Occident. Ainsi, au contact d’une civilisation plus « libérale » dans les rapports et les mœurs de sa société, les musulmans semblent oublier progressivement les fondements de leur religion au profit d’un laxisme plus ou moins affiché vis-à-vis des préceptes et des enseignements de l'islam.

L’exemple le plus frappant est sans nul doute l’abandon des cinq prières obligatoires ou la négligence des interdits de l’islam (alcool, fornication...), attitude qui est souvent accompagnée de justifications purement sentimentalistes et individuelles. Elles sont tous sauf doctrinales et aussi inexcusables les unes que les autres.

L’une des justification pouvant amener au délaissement progressif du deuxième pilier de l’Islam peut se formuler ainsi : « Je n’ai plus le temps de faire mes prières ou je n’ai pas besoin de prier cinq fois par jour, étant donné que j’invoques Dieu en permanence dans chacun de mes actes quotidiens, que ce soit avant de manger, de dormir ou lors d’une discussion. »

Pourtant, s’il paraît à première vue légitime pour le croyant de faire appel a son intellect afin de comprendre les raisons de tel ou tel ordre divin (ce qui est ni plus ni moins qu’une forme de ce que l’on appel plus communément en islam « Ijtihad »), il faut savoir que cette démarche n’est pas à la portée de tous le monde. Qu'elle demande une réelle volonté d’investissement de la part de l'intéressé et une base solide de connaissances en matière de religion (Coran, Sunnah, Jurisprudence…). Elle ne doit en aucun cas être basée sur des spéculations sentimentalistes souvent erronées ou sur l’intuition personnelle de chacun : « Je bois de l’alcool, mais moi contrairement aux autres je connais mes limites, car j’ai compris pourquoi l’alcool est interdit en islam… »

Il est donc primordial de rappeler qu’un musulman est par définition « soumis à Dieu », c’est à dire une personne qui se plie à la volonté et aux ordres divins de son Créateur. Il ne doit donc pas chercher des exceptions aux interdictions énoncées clairement dans le Coran et la Sunnah mais s’y conformer pleinement : ... Or, il se peut que vous ayez de l'aversion pour une chose alors qu'elle vous est un bien. Et il se peut que vous aimiez une chose alors qu'elle vous est mauvaise. C'est Allah qui sait, alors que vous ne savez pas. (Coran 2 :216)

La tradition rapporte également à travers le récit prophétique l’importance de la soumission à Dieu, et cela au moyen de l’argumentaire posé par Satan aux autres anges à propos de son statut d’ange dénégateur déchu. Ce dernier commence son argumentaire par la phrase suivante :

« Je reconnais que le Très-Haut est mon Dieu et le Dieu des Mondes. Il est Celui qui sait et qui peut et on ne l'interroge ni sur Sa puissance ni sur Sa volonte. Quand Il veut quelque chose, Il dit: « Sois » et la chose advient. Et Il est sage. Mais on peut se poser des questions sur Sa sagesse.

De même, il n’arrive pas à comprendre pourquoi Dieu l’a créé avec l’obligation de Le connaître et de Lui obéir, et surtout de se prosterner devant Adam. De même, Satan ne saisi pas pourquoi malgré le fait que Dieu l’ai maudi, il ait eu la possibilité de faire chasser Adam du Paradis, de même qu’il peut séduire tant d’humains sur Terre et les détourner de la voie de la rectitude. A ces interrogations, Dieu inspire aux Anges la réponse suivante :
« Tu n'es ni franc ni sincère lorsque tu commences par reconnaître que Je suis ton Dieu et le Dieu des Mondes, car si tu le reconnaissais en toute sincérité, tu ne t'arrogerais pas le pouvoir de m'opposer des pourquoi. Je suis Dieu et il n'y a de Dieu que Moi. On ne Me demande pas de compte sur ce que Je fais. C'est aux créatures qu'on en demande. »

Satan a donc outrepassé son statut en jugeant selon la raison Celui que la raison ne peut juger. Il n’appartient donc pas à un musulman d’outrepasser son statut de créature soumise à Dieu en refusant de se plier à la volonté divine, sous prétexte qu’il ne comprend pas l’intention cachée derrière chaque acte d’adoration même si celle-ci existe belle et bien.

La soumission en Islam, c’est l’adhésion totale et complète à la Providence sans tergiverser sur les raisons de tel ou tel précepte doctrinal. L’exemple le plus connu d’un comportement de vrai musulman, provient encore une fois des compagnons du prophètes (ceux que la tradition nomme communément « A-salaf a-salih »), qui vidèrent leurs tonneaux de vin à l’unisson, quelques instants à peine après que le verset interdisant l’alcool furent révélés à Médine. Ces derniers jurèrent devant le prophète (PBSL) de ne plus jamais en consommer.

Ô les croyants ! Le vin, le jeu de hasard, les pierres dressées, les flèches de divination ne sont qu'une abomination, oeuvre du Diable. écartez-vous en, afin que vous réussissiez. (Coran 90:5)

Si une adhésion complète et sans équivoque à la volonté d'Allah fait partie des qualités du bon musulman, il est tout de même important de souligner que la compréhension de l’importance de certains ordres divins, reste une chose bénéfique et souhaitée en islam, car elle peut contribuer à renforcer la foi du croyant. Mais ceci ne doit être qu’un apport supplémentaire, et non pas la cause première du respect de l’interdit qui est et restera de façon globale le respect total de la « Loi ». Telle est la meilleure des façons de préserver notre religion de l’innovation périlleuse ou de la Bidah.

Dans un hadith rapporté par Abou Daoud, le prophète Muhammad (PBSL) à dit : « Faites attention aux innovations vicieuses (Bidah), car toute innovation est un égarement manifeste (hérésie), et tout égarement mène à l’Enfer . ».

Que Dieu nous en préserve.

(1) Se référer à notre chronique sur « l'innovation périlleuse en islam ».