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    Le dernier calife guidé

    La tâche dont hérita Ali à l'amorce de son califat ne fût pas aisée. L’empire musulman résultant du califat d’Uthman était sujet à de multiples tensions politiques nées de l’assassinat de ce dernier et l’émergence de groupes anarchistes qui rejetaient violemment toute autorité califale, menaçant l’existence même de l’empire musulman. C’est dans ce contexte que le gendre et cousin du prophète (PBSL) aborda son califat qui durera cinq années.

    Après la mort d’Uthman, lâchement assassiné en pleine prière, il fallait désormais trouver un successeur pour assurer le poste de Calife pour les musulmans « Khalifa al muslimin ».

    On raconte que la situation à Médine était tellement critique que trouver un successeur à Uthman devenait une priorité absolue. De plus les émeutiers tenaient la ville, et personne des habitants de Médine n’osait s’aventurer en dehors de son foyer, par peur de représailles. Dans ce contexte, les Médinois empressèrent Ali d’accepter le califat, sachant pertinemment qu’une personne comme lui saurait mieux gérer la crise actuelle. Devant l’insistance de ses partisans et des anciens compagnons du prophète (PBSL), Ali fini par accepter la mission, et se rendit à la mosquée afin de prêter allégeance, devant une assemblée composée des principaux grands compagnons du prophète Muhammad (PBSL). Ces derniers n’omirent pour la plupart aucune objection, et Ali put ainsi accéder à la direction de la communauté des croyants. Seuls quelques hommes parmi les Ansars, ne prêtèrent pas allégeance au nouveau calife.

    Lors de son premier discours, Ali réuni la communauté des musulmans et leur énonça de nouveau les principaux commandements de l’Islam ; sur un ton ferme il les exhorta de respecter l’espace sacré situé autour de la Kaaba, de ne point blesser physiquement ou moralement son frère en religion, de se tenir éloigné du mal. Il insista sur le fait que chacun devra comparaître devant Dieu le jour du jugement dernier et aura à répondre de tout ses actes.

    Juger les meurtriers d’Uthman, telle était maintenant la première tâche qu’il incombait au nouveau calife. Pourtant, ce dernier demanda un délai aux médinois, car les émeutiers étaient toujours en position de force au sein de la ville. Cette réponse ne satisfit pas tout le monde, et beaucoup furent ceux qui pensèrent qu’Ali tentait de s’affranchir de ce problème.

    Les émeutiers, de leur côté, savaient pertinemment que si la situation au sein de Médine redevenait calme, ils seraient exécutés pour leur participation au meurtre d’Uthman. Ils s’attelèrent donc aussitôt à monter les uns contre les autres les différents chefs des tribus de Médine, afin que la situation actuelle perdure.

    Devant le caractère particulièrement complexe de la situation à laquelle il devait faire face, Ali décida d’attendre pour obtenir le soutien unanime de tout les officiers et chefs politiques de Médine, avant de châtier les responsables du meurtre de l'ancien calife.

    Aussi, afin de combattre le mal à sa source, Ali décida de se débarrasser de la totalité des gouverneurs nommés par Uthman, et qui avaient abusés de la confiance de ce dernier, en commettant toute sorte d’excès. Ce qui avait abouti selon lui à la crise actuelle.
    Malgré la désapprobation de ces deux amis, Ibn Abbas et Mughira bin Shaaba, qui craignaient une rébellion des gouverneurs, Ali mit son plan a exécution.

    Les nouveaux gouverneurs nommés par Ali obtinrent un accueil mitigé dans les diverses provinces ou ils furent installés. Parmi la population résidente, certains étaient pour venger la mort d’Uthman, et d’autre était pour l’acquittement des meurtriers. Certains gouverneurs ne furent pas acceptés par la population, et d’autres encore trouvèrent les caisses du trésor public vide à leur arrivée en fonction. Le gouverneur de Kufa refusa dans un premier temps de céder son titre au nouveau gouverneur nommé par Ali, mais devant la menace de ce dernier de réprimer toute forme de rébellion, il finit pas céder.

    En revanche, le gouverneur de Syrie, Muawya, resta fermement attacher à son poste, malgré la menace de représailles d’Ali. Le messager qu’il envoya auprès d'Ali, lui expliqua que tant que la mort d’Uthman ne sera pas vengé, lui et ses partisans ne se soumettraient pas à son autorité.

    Ali comprit alors qu’il devrait bientôt mener une rude bataille contre les Syriens, s’il souhaitait faire entendre son autorité sur l’empire musulman. Son fils aîné Al Hassan (6) eut beau essayé de le raisonner, Ali maintint sa décision. Une guerre allait bientôt se déclencher entre les deux parties.

    L’opposition d’Aicha

    Après la mort du prophète de Dieu (PBSL), sa femme Aicha continua a bénéficier du respect du à son rang de « Oum Al Mouminin » (Mère des croyants), parmi les habitants de Médine.

    Elle apprit la mort d’Uthman, en revenant d’un pèlerinage effectué à la Mecque. Profondément choquée par l’attentat dont on avait fait preuve sur la personne du calife, elle retourna à la Mecque, s’adressa devant une large assemblée et l'appela à la vengeance de la mort d’Uthman. De nombreuses personnes se trouvèrent alors volontaires, dont Talha et Zubair (7), qui revenaient de Médine. Ces deux derniers conseillèrent alors Aicha de se rendre à Bassorah, où elles pourraient trouver plus de soutien à sa cause.

    Aicha partit donc pour Bassorah, accompagné de près de 3000 hommes en armes. Deux messagers envoyés par le gouverneur de Bassorah s’entretirent avec Talha et Zubair. Ces derniers expliquèrent qu’Ali n’était pas digne d’être calife du fait qu’il n’avait pas vengé ou autorisé à venger la mort d’Uthman, et que leurs serments d’allégeance furent obtenu par la force.

    Le gouverneur, une fois au courant des desseins d’Aicha, décida de s’opposer à elle jusqu’à l’arrivée d’Ali, restant ainsi fidèle au calife régnant. Son armée sortit donc de Bassorah, prête à affronter celle dirigée par Aicha.

    Aicha, pour justifier sa venue et son combat, s’adressa à l’armée adverse, en dénonçant la lâcheté dont firent preuves les assassins d’Uthman, et combien il était important de le venger. Ceci eut pour effet de convaincre une partie de l’armée du gouverneur, qui se rangea à ses côtés.

    La tradition rapporte que la bataille qui s’engagea ensuite dura pendant une journée entière, pour qu’enfin, le lendemain midi, une trêve soit proclamée. Après un accord entre Aicha et le gouverneur, il fut convenu d’envoyer un messager à Médine, afin que ce dernier rapporte si l’allégeance de Talha et Zubair fut obtenu par la force ou non. Si cela s’avérait exact, le gouverneur devrait démissionner de sa fonction et remettre Bassorah entre les mains d’Aicha ; Dans le cas contraire, cette dernière devait quitter Bassorah avec son armée.

    Lorsque le juge de Bassorah, envoyé à Médine pour récupérer les témoignages des croyants, eu confirmé la pression que subirent Talha et Zubair pour prêter allégeance à Ali, le peuple de Bassorah demanda au gouverneur de tenir sa parole et d’abandonner son siège. Ce dernier refusa, ayant reçu une missive d’Ali lui ordonnant de rester en place.

    Le 4 du mois de Rabi-ul-Akhir, en l’an 36 de l’Hégire, l’armée d’Aicha pénétra par la force dans la ville de Bassorah, et captura le gouverneur.

    Un climat de terreur s’installa pendant quelque temps dans la ville de Bassorah. Beaucoup de gens étaient interrogés, et exécutés s’ils étaient soupçonnés d’avoir participé au soulèvement ayant aboutit au meurtre d’Uthman.

    Par la suite, Aicha, Talha et Zubair envoyèrent une missive à l’intention des différentes provinces du royaume, leur annonçant entre autres l’élimination de tout les traîtres habitant Bassorah.

    Sachant pertinemment qu’il devrait affronter Aicha, Ali décida de laisser tomber son expédition contre Muawya, le gouverneur de Syrie, et de se concentrer sur la mobilisation d’une armée suffisamment puissante pour combattre l’ancienne épouse du prophète de Dieu (PBSL).

    Parmi les compagnons qu’il appela au combat, la quasi-totalité refusèrent, exprimant du dégoût à la simple idée de devoir affronter d’autres musulmans. On rapporte que parmi ces derniers, Saad bin Waqqas s’adressa à Ali ainsi : « Ô commandant des croyants, je veux une épée qui sépare les musulmans des non musulmans. Si tu me donnes cette épée, je combattrai à tes côtés. Si tu n‘as pas cette épée, je te prie de m‘excuser ».

     

    (6) Ali eut deux enfants de Fatima la fille du prophète (PBSL), Al Hassan l’aîné et Al Hussein. Le premier fût empoisonné par sa femme en 670 et le deuxième mourut en martyr à Kerbala en Iraq en 680 par les mains de l’armée de Mouawiya. Leur fin tragique est considérée comme un des actes fondateurs de l’Islam chiite (partisan), qui commémore chaque année leur deuil.
    (7) Deux anciens compagnons du prophète (PBSL) qui avaient expressément appelé à la vengeance du meurtre du calife, mais leur requête été restée vaine auprès d’Ali.

     

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    Dernière mise à jour : 01/08/2014 - Nombre visiteurs : 10064949
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