Un père accusé d'avoir martyrisé son fils

L'ingénieur, vivant dans une villa de Mandelieu, a été écroué. L'adolescent de 14 ans est hospitalisé.

Comment les services sociaux et la gendarmerie ont-ils pu passer à côté du martyre du jeune adolescent de 14 ans séquestré depuis huit ans par son père à Mandelieu, une commune voisine de Cannes ? Le collège avait pourtant signalé en 2006 cet enfant chétif et crasseux. En vain, l'enquête n'aurait, selon Nice Matin, débouché sur aucune piste concrète.

Il s'agit d'un de ces faits divers que l'on préférerait voir sur les écrans du festival. Le calvaire du jeune garçon a été découvert mardi dernier lorsqu'il s'est évanoui en plein cours. À son arrivée à l'hôpital, les médecins effarés ont alors diagnostiqué «de graves carences alimentaires» et «un manque d'hygiène».

Une enquête de police a immédiatement été ouverte par le parquet du tribunal de Grasse. L'instruction a été confiée au juge Didier Guissart. Le père, mis en examen pour «violences habituelles sur mineur» , dort en prison depuis vendredi soir. Ingénieur à la retraite, âgé de 70 ans, il nie toute maltraitance sur l'enfant.

Pourtant selon les premières déclarations du jeune garçon, son supplice aurait commencé à la mort de sa mère. Il devient le souffre-douleur de son père alors qu'il n'a que 6 ans. Pour l'instant, les raisons de cet acharnement restent inexpliquées.

Cloîtré dans un entresol

Il est battu à coups de balai, reçoit des coups de pied, est puni par des douches froides… Mis à l'écart du reste de la famille, il est enfermé dans un réduit totalement insalubre d'une villa pourtant cossue.

Cloîtré dans un entresol mitoyen du garage, il ne pouvait sortir que pour se rendre à l'école. Il effectuait alors à pied le trajet entre son domicile et le collège, soit deux heures de marche. Humiliation quotidienne, il devait monter sur une chaise pour pouvoir uriner par une lucarne. Un évier noir de crasse et un lit pouilleux constituaient le seul mobilier de la pièce.

L'adolescent était nourri de manière aléatoire et exclu des repas auxquels participaient pourtant ses deux frères de 11 et 17 ans et ses deux demi-sœurs. Ces derniers n'ont vraisemblablement subi aucune brimade. Le jeune homme devrait être placé prochainement dans un foyer, tout comme ses deux frères.

À l'automne 2007, lorsque la nouvelle épouse de son père s'est installée à leur domicile, son calvaire se serait adouci. Les violences physiques auraient cessé.

Même si, selon la justice, elle n'en a pas l'ampleur, cette affaire rappelle le drame autrichien où une jeune fille a été séquestrée dans une cave pendant vingt-sept ans par son père. À Amstetten comme à Cannes, on se demande comment de telles situations peuvent perdurer sans que voisins, amis, familles ne soupçonnent ces drames ou pire ne les dénoncent pas à la justice. En l'espèce, dans le cas de Mandelieu, le jeune garçon était en contact quotidien avec les autres membres de sa famille, ses camarades d'écoles, des adultes. L'enquête devra inévitablement poser ces questions et évaluer le niveau des responsabilités de chacun.

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