Grande Mosquée d’Alger : la polémique fait rage

Le président algérien Abdelaziz Bouteflika a-t-il des rêves de grandeur ? La Grande Mosquée d’Alger en est un qui est sur le point de devenir réalité. Mais à peine démarrée, la construction de l’immense édifice religieux suscite la colère auprès de la population. Dernièrement, une pétition été lancée pour demander l’arrêt des travaux. La contestation ne date pas d'hier, les critiques avaient déjà démarré dès 2007.

Beaucoup d’Algériens dénoncent son coût exorbitant. Il faudra, en effet, compter pas moins d’un milliard d’euros (1,5 milliard de dollars) pour construire la mosquée au minaret de 270 mètres, de 25 étages, et dotée d’une salle de prière pouvant accueillir jusqu’à 120 000 fidèles.

Les Algériens déplorent que cette somme astronomique ne soit pas utilisée dans d’autres domaines comme le logement, la santé ou encore l’éducation : des chantiers qui paraissent beaucoup plus prioritaires dans un pays qui fait face à la pauvreté.

« La construction de la Grande Mosquée d’Alger, dont le coût avoisine les 2 milliards de dollars, n’est pas une nécessité nationale comme les autres infrastructures et investissements nécessaires, dont l’Algérie accuse un très grand retard et qui sont les seuls garants d’une économie de l’autosuffisance stable et pérenne », peut-on lire dans la pétition lancée à l’adresse de la présidence. Avec cette somme, beaucoup de choses pourraient être réalisées comme la construction de 100 000 logements, de 10 hôpitaux ou de 20 grands théâtres, indiquent les auteurs de la pétition.

Le gâchis d’argent est d’autant plus important que les travaux de cette immense bâtisse risquent d’engendrer des coûts supplémentaires non prévus. « Dans un pays où le marché domestique est souvent sujet à diverses perturbations d’approvisionnement en différents matériaux, les grands projets d’infrastructures sont souvent affectés de surcoûts, de retards d’exécution ou encore de malfaçons et de malversations, comme ce fut le cas notamment avec le projet d’autoroute Est-Ouest », rappelle le quotidien algérien El Watan. Pire, la future mosquée se trouverait en zone sismique, d’après des scientifiques algériens.

L'argument de la création d'emplois ne semble pas prendre le dessus : la construction de la Grande Mosquée d'Alger induit 17 000 emplois créés, dont 10 000 en faveur des Algériens, durant les travaux, puis, à terme, la création de 1 500 à 2 000 postes une fois l'édifice achevé.

La réalisation de la Grande Mosquée d'Alger a été confiée à la société chinoise China State Construction Engineering Corporation (CSCEC). Les travaux ont démarré le 16 août. Si tout va bien, la mosquée sera livrée au deuxième semestre 2015. Autant dire que la polémique risque de perdurer encore longtemps.

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