« Faites attention aux choses nouvelles, car toute nouveauté est une innovation, et toute innovation est un égarement, et tout égarement mène à l’Enfer » (rapporté par Abou Daoud)
L’innovation, ou Bida en Islam, signifie l’innovation blâmable en tant que telle, c’est à dire l’ajout à la religion d’éléments étrangers à ceux fixés par le Coran et la Sunnah.
La doctrine de l’islam a en effet été formulée il y a 14 siècles. On prie, jeûne de la même manière qu'à l'époque du prophète (PBSL). Or, a l’échelle de notre religion, l’histoire nous enseigne que des Musulmans avec un grand M, pour ne citer que Mirzâ Husayn Ali qui en se déclarant d’épiphanie divine en 1845, permis de créer à lui seul une dangereuse bid'a à partir de l'islam en fondant une nouvelle religion dénommée « Bahaïsme ». S'il est difficile de juger cette personne sur ses véritables intentions, il est à signaler que le charisme et l'aura de Husayn Ali entraîna ses fidèles sur le chemin de l'erreur, pour s'éloigner totalement de la doctrine islamique telle qu'elle fut formulée par le prophète Muhammad (PBSL) au début de l'islam. Si le Bahaïsme dans son essence est un syncrétisme de l'Islam et d'autres religions, aujourd'hui il n'a plus rien à avoir avec le dogme musulman. Les générations qui reprirent la bida de son fondateur en firent une nouvelle religion à part, qui compte de nos jours tout de même quelques millions de fidèles.
Mais il reste toutefois important de ne pas s’attarder seulement sur l’innovation, mais également sur le critère "principiel" qui permet d'habitude son instauration. En Islam, il est possible d’accepter une innovation si cette dernière apporte un éclairage du texte coranique ou de la Sunna. Elle s'inscrit dans ce cas dans ce que la tradition appelle « Islah » ou « Tajdid ». Il ne faut donc pas voir toutes les innovations comme mauvaises !
Mais l'ignorance de la doctrine et la mauvaise compréhension des principes de la religion sont en général derrière les déviations les plus importantes. D'autant plus que certaines personnes s'obstinent orgueilleusement dans l'erreur et sont convaincues du bien fondé de leurs actions. Ainsi la compréhension erronée de la Sunna, aussi les multiples défauts d'interprétations du Coran (Lecture littéraliste, non contextualisé....) sont à l'origine de la plupart des problèmes que rencontrent de nos jours les musulmans.
Il ne faut donc pas s’attacher toujours au sens premier et « stricto sensus » du texte coranique ou d’un hadith, non sans le complêter par des commentaires qui expliquent le contexte historique, social... de son avénement (asbab e-nouzoul en arabe) ce qui est non négligeable quand à la compréhension de la finalité et de l'enseignement visé par ce dernier. L’un des exemples le plus simple est le verset suivant : « en vérité, l'homme n'obtient que [le fruit] de ses efforts; » (Coran 53:39). Une lecture "superficielle" de ce verset signifierait que l’homme ne peut obtenir quoique ce soit sans avoir lui-même fourni un effort préalable. Or il est connu que lorsque un musulman prie pour son frère, il lui accorde des bienfaits, de même celui qui participe à la construction d’une mosquée obtiendra même après sa mort une récompense proportionnel à son acte.
Il est donc important, avant de dire si une innovation peut être considérée comme Bidaa ou non (par les personnes qualifiées à délivrer un tel jugement, biens sur), de bien distinguer sa finalité et l'objectif qu'elle vise avant de la condamner comme étant néfaste et subversive. La Sunna, ou voie prophétique, comporte tout ce qui a été dit, fait ou approuvé par le prophète Muhammad (PBSL). De même il faut prendre en compte le fait qu’en fiqh (ou jurisprudence islamique), la Sunna correspond à ce qui est recommandé, mais ne revête en rien un caractère obligataire. Et il est aussi connu que cette dernière a toujours tenue compte des nécessités et des intérêts de la société musulmane (e-darourat wal haja'at), leur facilitant la vie dans la mesure du possible et dans les limites du "légal islamique", non sans leur compliquer la tâche comme on le voit de nos jours dans certains courants ultra orthodoxe qui prêchent un islam rigoriste, exclusivement tourné vers le passé et fermé à toute tentative d’Ijtihad.
Cet effort d’interprétation du texte coranique (ou ijtihad) fut indispensable dans l’instauration de nouvelles règles religieuses n’étant nullement en opposition avec le Coran ou la parole prophétique. Au contraire, elles s'inspirèrent souvent des enseignements spirituels et religieux du prophète (PBSL) pour aller de l'avant et accompagner les changements et transcender les époques (1). Ceci a d’ailleurs amené à l'invention d’une nouvelle expression en islam : « bida’ hassana » ou bonnes innovations, c'est-à-dire celles autorisées et issue d’une bonne interprétation de la tradition.
Cette capacité d'adaptation à l’époque dans laquelle nous vivons n’est pas une faculté donnée à n’importe qui ; elle ne doit être en aucun cas le fruit d’une opinion individuelle teinte de moralisme ou d’émotionnelle issue de l’expérience de chacun, mais plutôt d’une véritable connaissance de la doctrine (2).
Pour éclairer ce cas, il convient de citer l'exemple de l'ancien compagnon du prophète (PBSL), Bilal, qui avait pour habitude de faire autant de prosternation qu’il lui était possible après avoir réalisé ses ablutions. C’est donc de lui-même et par sa propre interprétation que ce grand compagnon du prophète (PBSL) choisit le moment adapté à la pratique de ces prières surérogatoires.
Quoi qu'il en soit, il est important pour tout musulman de faire lui aussi l'effort d'aller vers sa religion, un effort d’interprétation et de compréhension de cette dernière pour mieux la vivre. Telle est la meilleure des sécurités pour ne jamais mettre en danger la doctrine de l'islam, dont l'esprit et la "clé d'interprétation" demeurent encore intelligible à bon nombre de musulmans. Pour bien longtemps In cha'a Allah.
(1) Tel est le sens de l'aphorisme islamique : « El islamou salih likouli makan wa zaman »
(2) D'où le rôle des interprètes officiels de la tradition et des diverses instances musulmanes compétentes en matière de Fiqh et Chari'a qui doivent être constamment en "veille" pour délivrer aux musulmans les meilleurs interprétations de leur religion.
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choukri aymane 07 juin 2008 14:50:56 | je voudrais dire pour tous ceux qui sont entrés dans ce site, qu'ils deviennent musulmans et musulmanes |
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