CHRONIQUE : Connaissez-vous Luqman ?
par Souhayl. A

Dans le monde moderne d’aujourd’hui, les mœurs se sont considérablement dégradées, au nom de la sacro sainte liberté de l’individu. L’homme occidental, matérialiste par sa pensée et par ses actes, a ainsi totalement renoncé aux valeurs morales héritées de sa tradition judéo-chrétienne, et n'aspire plus à suivre la voie des sages, celle menant à l'épanouissement spirituel et à l'abandon total à un Dieu unique qu'il ne reconnaît plus.

Dans son élan industriel et sa quête permanente de technicité, il a remplacé Dieu par la science. Le scientisme a ainsi inévitablement conduit l’homme vers un sentiment de supériorité maladif sur ses semblables et sur son environnement, qu’il pense être le seul à maîtriser, oubliant Son créateur. « Souviens-toi que tu es poussière et que tu retourneras en poussière » peut-on lire dans l'Ancien Testament (Genèse 3:19).

Le Coran quant à lui, nous enseigne l'histoire de Luqman, un homme qui faisait preuve d’une telle piété et d’un tel désintéressement envers la vie d’ici-bas au profit de la vie future, que Dieu lui donna une sourate du Coran à son nom (Sourate 31).

Luqman était un nubien (habitant de l’actuelle Ethiopie), un sage de la période pré-islamique, et sûrement un Hanif car il aimait contempler son environnement et ne pouvait se résoudre à admettre l’existence d’un monde en dehors d’une force supérieure régissant toute chose. Un jour alors qu’il s’endormit sous un arbre, un ange s’approcha de lui et lui apprit que Dieu voulait lui faire cadeau d’un don, soit celui de la prophétie, soit celui de la sagesse. Luqman choisit cette dernière option et lorsqu’il se réveilla, il devint une personne capable d’être en osmose complète avec la nature et de comprendre le sens caché des choses. Il se prosterna aussitôt et remercia Dieu pour ce merveilleux présent dont il était gratifié. Sa grande sagesse lui aurait même permis d’être un des juges du prophète David (Dawoud alayhi a-salam en islam). Nous sommes donc bien loin de la mentalité règnante actuellement !

A l'approche de sa mort, la sourate 31 du Coran nous rapporte que Luqman "al-hakim", s'adressa à son fils en ces termes :

« 13. … ô mon fils, ne donne pas d'associé à Allah, car l'association à [Allah] est vraiment une injustice énorme »
16. « ô mon enfant, fût-ce le poids d'un grain de moutarde, au fond d'un rocher, ou dans les cieux ou dans la terre, Allah le fera venir . Allah est infiniment Doux et Parfaitement Connaisseur.
17. ô mon enfant, accomplis la Salat, commande le convenable, interdis le blâmable et endure ce qui t'arrive avec patience. Telle est la résolution à prendre dans toute entreprise !
18. Et ne détourne pas ton visage des hommes, et ne foule pas la terre avec arrogance : car Allah n'aime pas le présomptueux plein de gloriole.
19. Sois modeste dans ta démarche, et baisse ta voix, car la plus détestée des voix, c'est bien la voix des ânes ».

Par ces remarques pleines de sagesse, Luqman apprend à son fils les vertus de la retenue, de l’humilité et l’importance de la soumission à Dieu qui est le seul maître absolu et digne d’adoration.

De nombreuses paroles du prophète Muhammad (PBSL) font également référence aux vertus que représentent un bon comportement et l’importance de la quête de la sagesse pour un être humain. Aicha la mère des croyants qualifiait le comportement de son mari, le prophète Muhammad (PBSL) ainsi : « Il était un Coran ambulant » ou « Un Coran qui marchait sur terre » (Qur’anoun yamchi ala al-ard’). Les compagnons du prophète d'ailleurs rivalisaient aussi dans la piété et le respect de l’autre, de même que dans l’humilité et la crainte de Dieu. Umar raconte dans un célèbre hadith que le prophète (PBSL) organisa un jour une quête à la mosquée de Médine pour récolter des fonds, et ses compagnons furent tous d’une générosité sans pareil. Quand Muhammad (PBSL) eut à interroger Umar sur ce qu’il laissait à sa famille, il répondit « la moitié de tout se que je possède ». Il interrogea Abu Bakr à son tour et il répondit « Je leur ai laissé Dieu et son prophète ». Umar ne put s’empêcher alors de dire « je ne le devancerais jamais »

Ce sont donc ces qualités que mirent en avant les premiers musulmans vis-à-vis des bédouins et des arabes encore polythéistes pour les ramener sur le chemin de la vérité.

Ce même comportement fut également repris plus tard au 10ième siècle par une autre génération de musulmans vertueux qui propagèrent l'Islam dans les îles de l'océan indien ou dans certains pays de l'Asie du Sud-est comme l'Indonésie, qui reste de nos jours le premier pays musulman du monde en proportion d'habitants (plus de 200 millions d'habitants).

Nul doute, que les époques ne peuvent être comparées, qu'il est inutile d'idéaliser le passé car nous ne serons jamais capable d’égaler le niveau de foi de ces hommes bien guidés (Salaf a-Salih). Néanmoins, il reste important pour chacun de nous de faire preuve d’humilité et de retenue dans chacun de nos actes quotidiens et également dans les paroles que l'on échange avec autrui. At-Tirmidhî dans une célèbre parole rapportée du prophète Muhammad (PBSL), met l'accent sur l'importance de la conduite quotidienne par les bons actes en ces termes :

Le Messager d'Allah fut interrogé sur ce qui faisait entrer le plus les gens au Paradis. Il dit: « La crainte d'Allah et la bonne moralité ». On l'interrogea de même sur ce qui faisait entrer le plus les gens en Enfer et il dit: « La bouche et le sexe ».

Nous demandons donc à Dieu de nous aider quotidiennement à nous améliorer et à nous approcher le plus possible de la sagesse et de la foi dont faisaient preuve Luqman, Muhammad (PBSL) ainsi que tout ses compagnons (que Dieu les agrée dans son paradis), car c’est par le bon comportement que l’on améliore son entourage et son environnement.

Amine