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    Sceptique je découvris la sérénité de ce continent et, chez René Guénon, la clé d'un aussi éblouissant mystère

    Telles étaient mes dispositions d'esprit lorsque, de Delhi, je partis en train pour Bénarès, ville sainte de l'hindouisme, qui valait bien un reportage. J'avais alors dans mon bagage, seule expression de la culture occidentale, un exemplaire du Mythe de Sisyphe, de Camus; mais un autre livre, dont le destin me réservait la lecture précisément au bord du Gange, allait me faire passer définitivement le goût de la littérature existentialiste: l'Introduction générale à l'étude des doctrines hindoues, de René Guénon, m'apporta une sorte d'illumination et fut comme le déchirement d'un voile devant des horizons illimités.

    Il était sans doute question d'hindouisme dans cet ouvrage décisif qu'Alain Daniélou, qui résidait alors à Bénarès, m'avait mis entre les mains. Mais j'y découvris encore beaucoup plus que la simple introduction annoncée par le titre: une vision du monde et de la vie totalement différente de celle de l'Europe occidentale qui m'avait élevé et formé. Toute l'Inde, tout l'Orient m'apparurent désormais sous un jour nouveau. Ce que j'avais pris jusque là pour arriération, superstition ou refus du progrès prenait, à la lumière de la démonstration éblouissante de Guénon, une toute autre signification: il s'agissait plutôt d'expressions, même amoindries et décadentes, d'un ordre de choses procédant de la tradition universelle, laquelle, jusqu'aux bouleversements issus de ce que nous appelons la Renaissance, avait été, sous des formes diverses, l'inspiratrice de toutes les grandes civilisations, y compris celle de notre Moyen Age chrétien, et les avait sacralisées. Malgré l'évolution cosmique descendante, dont les Hindous sont particulièrement conscients lorsqu'ils désignent notre temps comme celui du "Kali Yuga", l'âge sombre, l'Orient était généralement demeuré fidèle à cette tradition, alors que l'Occident, adonné aux révolutions et aux illusions entretenues par l'idée de "progrès", avait perdu la dimension verticale du monde et de la nature humaine pour développer une civilisation horizontale, matérielle et quantitative, abolissant les valeurs sacrées au profit d'une totale sécularisation.

    Depuis cette époque, l'oeuvre de Guénon, disparu en 1951, s'est considérablement répandue dans un public très divers mais généralement étranger aux milieux universitaires dont elle critique vivement la mentalité. Elle a certes suscité de fortes oppositions en Occident, ce qui était inévitable dès le moment où elle faisant le procès de la modernité qui en est issue, mais son influence a tout de même contribué à créer une nouvelle approche, plus bienveillante, de l'Orient et de ses civilisations. Pour ma part je m'efforçais de compléter ma connaissance de cette oeuvre, qui renouvelait mon regard sur la réalité indienne objet de mes enquêtes. Mes "papiers"en témoignaient et des réactions de lecteurs m'apprirent qu'ils en appréciaient le ton nouveau et l'attitude plus compréhensive. On ne saurait nier en effet que Guénon, mieux que maints orientalistes patentés, fournit des "clés" pour une compréhension en profondeur de l'Orient.

    Cependant, il n'y avait pas que l'aspect professionnel de choses. Je portais déjà une vive reconnaissance à Guénon qui m'avait promptement guéri du nihilisme absurde de l'existentialisme en dénonçant l'agnosticisme moderne comme une forme élaborée et volontiers agressive de l'ignorance; mais il a toujours insisté aussi sur le fait que la théorie est peu de chose si elle ne s'accompagne pas d'un engagement personnel dans le cadre d'une véritable tradition ou de l'enseignement d'un authentique maître spirituel. En conséquence, et comme je me trouvais en Inde, pays privilégié à cet égard, je me mis en devoir de trouver un gourou.

    Mes investigations furent intéressantes mais souvent aussi déconcertantes et décevantes. Je pus, dans divers ashrams, rencontrer des personnalités remarquables dont la plus éminente fut peut-être le swami Sivananda, à Rishikesh, sur les pentes de l'Himalaya, mais ailleurs je fus plusieurs fois rebuté par l'empressement exagéré mis pas le maître de céans et ses disciples à retenir le visiteur européen. Tel fut le cas au célèbre ashram de Pondichéry que je visitai en compagnie de ma femme et où Shri Aurobindo vivait les derniers mois de son existence terrestre. La "Mère", célèbre elle aussi, qui gouvernait la communauté, nous accorda un long entretien au cours duquel elle développa toute une argumentation pour nous décider à rester et à nous joindre aux disciples. Mais plusieurs points de son discours ne correspondaient pas aux critères guénoniens et notre réaction sans doute bien inspirée, fut de lui témoigner nos respects et de prendre congé.

    De retour en Suisse après une nouvelle série de reportages jusque dans des régions de l'Orient aussi extrêmes que la Corée en guerre, je n'avais toujours trouvé ni voie spirituelle ni gourou. Ce fut alors que Jean Herbert, dont me rapprochait un intérêt commun pour l'Inde, m'apprit que Guénon avait adhéré à l'islam depuis de longues années et pratiquait la voie contemplative des soufis. J'en fus d'autant plus surpris que, à Bénarès, j'avais entendu de la bouche d'un respectable pandit très orthodoxe l'opinion que Guénon, de tous les auteurs occidentaux ayant traité de l'hindouisme, était le seul qui en eût pleinement saisi le sens et la portée. Il me parut d'abord difficile de comprendre qu'il pût pratiquer une autre religion.

     

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    Dernière mise à jour : 01/08/2014 - Nombre visiteurs : 8206194
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