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    Les rohingyas : autopsie d’une épuration

    C’est insoutenable de vivre un génocide sous nos yeux. Les réfugiés Rohingyas ont, désormais, dépassé la barre des 500 000 exilés. Fugitifs, pourchassés, ils échappent, par horde, à la violence bestiale des militaires et bouddhistes fanatisés. « Quand le persécuté est de confession musulmane, les gens s’en foutent » avait asséné le chroniqueur Eric Naulleau. Vrai ou faux ? Les Rohingyas, un peuple qui est sacrifié et oublié parce qu’il est musulman ? 

    Les Rohignyas ont, en tout cas, toujours été considérés, au Myanmar, comme un « corps étranger ». Cible permanente  d’un pouvoir tortionnaire et fantasque, du processus de « birmanisation » forcée de la culture et de la narration bouddhiste de l’histoire de la région, les Rohingyas, sont, aujourd’hui, les victimes-témoins des pires atrocités. 

    Pourtant, devant l’horreur des événements, pas d’emballement médiatique, ni d’émoi généralisé. Les prix sélectifs et les oboles institutionnelles décernés au nom de « la lutte pour la paix, les droits de l’homme, l’aide humanitaire et la liberté » ne servaient déjà plus à rien. Mais là, avec ces massacres, Aung San Suu Kyi est devenue l’emblème d’un constat : un monde injuste, des populations décimées et d’autres oubliées, tout cela camouflé par des institutions internationales qui ne disent plus rien de notre monde, de son état et des solutions pour  arriver à la paix véritable.

    Un pouvoir tortionnaire et fantasque

    La Birmanie s’est construite, quelques années après son indépendance, autour d’un pouvoir tortionnaire. La brutalisation du pouvoir et d’une armée « le Tatmadaw », dont la caste des 400 000 familles est le soutien le plus infaillible du régime, a modelé la culture politique en Birmanie depuis l’indépendance de 1948.

     Une culture politique mêlée à une préoccupation vitale : la suprématie  raciale des Bamar. En dehors de ce groupe, toutes les autres ethnies sont considérées comme des « minorités » dangereuses.

    Et c’est surtout avec l’arrivée au pouvoir de Ne Win ou « soleil de gloire ! » le 2 mars 1962 qu’un pouvoir totalitaire prendre toute sa mesure. Un dictateur parano, sanguinaire et superstitieux noyé dans une croyance aux talismans et autres combinaison de chiffres  qui, pour la rémission de ses péchés, construira à la fin de sa vie une pagode. Terreur, propagande et suppression des libertés : le triptyque qui entretiendra la  violence intrinsèque de ce régime.

    Avec cet homme, la junte aura toute licence dans la violence, le commerce de l’opium, et même la vente de jeunes birmanes vers l’industrie de la prostitution thaïlandaise. Dès 1962, le pouvoir despotique prend des mesures de fermeture des tribunaux, instauration d’un parti unique, chasses aux sorcières communistes, nationalisation à outrance et propagande grossière dans un pays à la misère sous-jacente. L’économie détenue par une caste militaire, l’impossible ouverture politique, l’abolition de faite de  certaines libertés fondamentales et une doctrine de l’unité qui veut réduire à néant toutes les singularités culturelles permettra au national-socialisme de Ne Win d’étouffer le pays. Travail forcé comme le portage, tir à vue dans les régions dites « noires », viols collectifs, critique contre le pouvoir punissable de la peine de mort, le tableau est sombre.

    C’est ce pouvoir qui fera 10 000 morts lors du  mouvement de protestation des étudiants, début 1988,  exigeant démission du gouvernement, démocratie et ouverture politique. La crainte de représailles des tortionnaires de la junte avait, alors, contraint des milliers de manifestants (instituteurs, professeurs, étudiants) à fuir dans la jungle entre la Thaïlande et la Birmanie.

    Les viols collectifs ont été une pratique courante des militaires et, notamment, sur les femmes les plus jeunes. A l’encontre des familles des « porteurs militaires » – bête de sommes- et « démineurs humains » enrôlés de force ainsi que sur les ethnies minoritaires et particulièrement sur les femmes rohingyas. L’internement dans des camps, la politique de la terre brûlée avec abattage de bétail, destruction des récoltes et réserves alimentaires toucheront toutes les minorités : Shans, Mons, Rohingyas, Kachins, Karennis.

    Birmanisation de la culture

    Des membres des minorités toujours considérés comme des suspects potentiels dans un pays où la narration bamar de l’histoire du pays a été imposée de force. La recherche sur la supériorité des birmans par l’anthropologie officielle, depuis 1951, rappelle les recherches allemandes sur l’héritage ancestral. L’État contrôle ce qui est bon ou mauvais culturellement et se donne le droit d’exclure à l’école ou de purifier dans les manifestations culturelles ou sportives ce qui n’est pas conforme à la bonne tradition.

    Le Bouddhisme majoritaire comme rôle de guide de l’idéologie socialiste version birmane tient la première place : une place officielle.

    La propagande utilise tous les moyens de communication pour promouvoir la culture autorisée. Comme l’armée, les croyances sont l’un des fers de lance de la politique de l’État. La résistance bouddhiste à l’instrumentalisation existera mais sera très marginale et très vite réprimée comme en 1997 à Mandalay. Dans un pays très attaché à ses moines (« pongyis ») et aux offices religieux, l’État, au contraire, s’en remet à ces croyances en autorisant par exemple, sous forme de faveur et privilèges, aux  militaires et à leurs familles, des facilités pour les pèlerinages comme celui au Kyaik Htiyo (le fameux Rocher d’or).

    La « myanmarisation » dirigée par une sorte de Comité central est si forte que, même, la paléontologie est appelée à trouver des traces immémoriales de la présence des premiers birmans et de la culture myanmar. Mais si la constitution de 1974 donnait certains gages formels de respect de la pluralité des langues et des cultes, il n’en a rien été dans la pratique : la politique de répression et de « birmanisation » a été permanente.

    Mais cette logique de  l’« assimilation ou la mort » a vu ses idées naître depuis  la constitution du 4 janvier 1948 – date retenue comme opportune par un astrologue proche des dirigeants – où, selon les propres mots de Aun Sang, héros de l’indépendance et père de Aung San Suu Kyi,  « l’hétérogénéité ethnique n’existe pas ». Cela, alors que 135 groupes ethniques existaient, déjà, en Birmanie.

     Un « corps étranger » : les Rohingyas à exterminer

    Parmi ces groupes, les Rohingyas qui forment une population musulmane située dans la région de l’Arakan à l’est de la Birmanie. Une région qui est séparée du reste du territoire par une chaîne de montagne. Deux types de populations marquées par cette spécificité géographique s’y côtoient : les bouddhistes rakhine et les Rohingyas. L’héritage colonial britannique jouant, les fonctionnaires rohingyas sont exclus et remplacés par des bouddhistes rakhine après l’indépendance de 1947.

    Dans la nouvelle Birmanie libre, toutes les ethnies des régions frontalières sont suspectées par le pouvoir central. Cependant, les rohingyas, au nom interdit, seront la cible des pires violences et des crimes et contrairement à certaines autres régions de la nouvelle Birmanie, ils n’obtiendront pas un statut autonome ou semi-autonome de leur région.

    Les rohingyas ne sont, en effet, pas nommés, on les appelle les Bengalis. Et comme ce qui n’est pas nommé n’existe pas, lors de visites officielles, certains politiques français ne s’y tromperont pas et, à la faveur de la présidente-prix de Nobel de la paix, le terme Rohingyas sera banni des discours.   

    Et si la situation en Birmanie est mauvaise, comme le souligne Jean-Claude Courdy, “aussi paradoxal que cela puisse paraître l’opposition de Aung San Suu Kyi (que la Junte souhaitait briser sans concessions) parait aux généraux une opposition à tout prendre plus acceptable que celle des Karen”. Lorsque le clivage reste dans l’ethnie Bamar il est acceptable, mais avec les minorités c’est inacceptable, et face aux Rohingyas c’est leur extermination et/ou leur déplacement vers les pays limitrophes qui sera la politique du régime.

    Tout est fait pour ne pas donner de légitimité à la présence de ces musulmans. Les dignitaires religieux des rohingyas, contrairement aux dignitaires chrétiens, ne sont pas reconnus.

    Car, malgré une pression « religieuse » pour éviter la construction d’églises, les fermetures d’écoles bibliques pour diverses raisons, les interdictions de missions religieuses étrangères, la junte ménage la communauté chrétienne. L’institution chrétienne en Birmanie est reconnue et des hauts représentants de l’État participent aux célébrations religieuses comme l’ordination des prêtres  (novembre 2002 par exemple), fêtent Noël et la presse officielle relaie les informations pastorales.

    La 48ème session de la Commission des droits de l’homme de l’ONU qui adoptera la résolution 1992/58 intitulée “La situation des droits de l’homme au Myanmar” insistera largement sur le cas des Rohingyas comme l’ « une des minorités les plus persécutées du monde ». L’histoire de leur persécution s’étend du 18ème siècle à aujourd’hui. L’après-indépendance signera une persécution permanente de la part de la junte : 200 000 réfugiés en 1972, victimes d’une politique de recensement identitaire. Début 1992, exode massif de 250 000 rohingyas qui fuit les persécutions. Le rapport de l’ONU présente des récits d’épouvante : viols collectifs répétées jusqu’à l’hémorragie et la mort, traitements cruels, meurtres d’enfants devant les parents, 200 musulmans tués en pleine prière, 700 autres entassés dans des entrepôts jusqu’à l’étouffement, destructions systématiques de mosquées… Les témoignages apportés par les réfugiés musulmans sont sans commune mesure par rapport à la répression exercée contre les autres ethnies ou le mouvement pour la démocratie lancé en 1988.

    Aujourd’hui, c’est sous la présidence d’Aung San Suu Kyi, prix Nobel de la paix pour laquelle le Dalaï Lama, lui-même, offrait ses prières pour une femme qui suit « la voie tracée par Gandhi et Martin Luther King », que cette minorité joue sa survie. Plus de 500 000 fugitifs qui fuient les exactions, les viols et autres atrocités. Les témoignages et les récits macabres des victimes en proie à la folie des militaires et bouddhistes fanatisés sont glaçants. Le génocide est en cours et la politique de purification ethnique va être accomplie. Sous une présidence qu’on dit démocratique.

    L’implantation de « villages modèles » qui datent de 2001 censé donner le signal départ de la junte birmane à la reconquête raciale bouddhiste dans la région de l’Arakan a fait dire à J.C Courdy que cela ressemblait « fort à la politique de colonisation israélienne dans les zones palestiniennes ».

    Cependant même si l’idée commune d’une épuration ethnique, soutenue par Illan Pape concernant le sort réservé aux palestiniens, soutient les massacres dans les deux pays, l’actuelle traversée de l’horreur que vit la minorité musulmane dans la région de l’Arakan à la frontière du Bangladesh est sans pareille. La politique de purification actuelle des rohingyas sous Aung San Suu Kyi est sans précédent. Si la méconnaissance du sort de ce peuple, depuis des décennies, pouvait être retenue comme une excuse, les images, les témoignages, les récits actuels, qui portent au paroxysme le négationnisme de toute conscience humaine,confortent l’assertion d’Eric Naulleau. Ils sont musulmans et ça en est pour pas mal dans ce silence et ces massacres.

    Bibliographie

    Jean-Claude COURDY, Birmanie-La mosaïque inachevée, Editions Belin, 2004.

    Alan CLEMENTS, Dossier noire Birmanie, Editions Dagorno, 1994

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    Dernière mise à jour : 01/08/2014 - Nombre visiteurs : 8148987
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