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    Comment certains intellectuels européens ont été amenés à se désolidariser de la modernité occidentale

    Pendant mes années suédoises je vis l'État-providence se renforcer et gagner en efficacité, alors que les conditions de vie et le pouvoir d'achat de la population ne cessaient de progresser. Cependant, il était impossible de ne pas remarquer en même temps que, sur un plan non quantitatif, la vie elle-même ne paraissait pas s'améliorer; on aurait dit au contraire qu'elle tendait à perdre sa saveur. La satisfaction des revendications ouvrières semblait sans effet positif sur la qualité proprement humaine de ceux qui en bénéficiaient, aiguisant plutôt leurs exigences matérialistes et les enfermant dans leur rôle de producteurs-consommateurs. En même temps commençait à se manifester une certaine démoralisation qui se combinait curieusement avec une liberté de moeurs toujours plus poussée. Partout on voyait des visages désabusés et renfrognés; n'importe qui se plaignait de tout et de n'importe quoi, et même les premiers rayons du soleil printanier n'étaient plus accueillis comme les promesses de bonheur qu'ils avaient toujours représentées au sortir de l'hiver nordique.

    Peut-être étaient-ce là des signes avant-coureurs de la crise de civilisation qui, plus tard, devait aboutir à mai 68 et à la contestation tumultueuse de la"société de consommation" . Quoi qu'il en soit, ma foi dans les vertus du "modèle suédois" était désormais sérieusement ébranlée. Pourtant j'en pris aisément mon parti, car, à la suite de nouveaux maîtres, j'avais maintenant renoncé à donner des réponses aux grandes questions posées par ce monde "absurde". C'était, en effet, la belle époque des Sartre et des Camus. Ils avaient un prestige et une influence auxquels un jeune journaliste attentif aux modes intellectuelles pouvait difficilement échapper.

    Changeant complètement de cap, je partis faire une série de reportages, d'abord en Indonésie puis dans d'autres régions de l'Asie, l'Inde principalement, sur laquelle je fus chargé d'enquêter au lendemain de son indépendance. Après cinq ans de Scandinavie, rien ne me préparait à aborder un monde aussi différent, ce qui ne m'empêchait d'ailleurs nullement d'y débarquer avec la certitude de représenter une civilisation peut-être absurde mais tout de même supérieure et plus avancée. Il me paraissait hors de doute que ces peuples encore empêtrés dans leurs croyances primitives et leurs superstitions vivaient dans la plus déplorable "arriération".

    Cependant je ne pouvais manquer d'être séduit par la gentillesse, le charme, les sourires et l'humeur sereine de toute cette humanité orientale, même si elle vivait dans la pauvreté et l'ignorance de notre progrès. Je me fis des amis en Indonésie puis en Inde et pus comparer leur mentalité à la nôtre. J'en retirai bientôt la conviction qu'ils possédaient généralement une tournure d'esprit, peut-être une sagesse, que nous avions perdue et qui leur donnait la capacité de supporter des situations de "sous-développement", comme on se mettait à dire, qui nous auraient paru intolérables. Après la Suède, pays au niveau de vie alors le plus élevé d'Europe mais où les gens n'arrêtaient pas de se plaindre, j'étais tombé dans les régions où il était parmi les plus bas du monde, mais où, néanmoins, personne ne semblait douter que la vie fût encore digne d'être vécue. Il est évident que, par souci de clarté, je schématise un peu. La réalité ne s'est probablement pas présentée de façon aussi tranchée, mais il n'empêche qu'il s'est agi d'une expérience directe de ce problème majeur de notre temps qu'est la confrontation entre l'Orient et l'Occident, entre deux tranches de l'humanité, l'une statique et encore largement fidèle aux valeurs de son passé, l'autre dynamique, tournée vers l'avenir et vouée à l'acquisition du bien-être matériel devenu le seul critère du progrès.

    Dans une première phase de réflexion, l'idée ne me serait pas venue de me désolidariser de l'Occident dont, malgré mes déceptions suédoises, je ne mettais toujours pas en doute la supériorité. Et sans y voir de contradiction avec les idées existentialistes auxquelles je prétendais adhérer, je persistais à considérer le christianisme comme préférable aux religions orientales, islam inclus, parce qu'il me paraissait plus apte à faire le bonheur des peuples, plus ouvert au progrès. C'était d'ailleurs l'opinion à peu près unanime des milieux européens de ces pays orientaux même des plus éloignés de toute préoccupation religieuse.

     

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    Dernière mise à jour : 01/08/2014 - Nombre visiteurs : 8166093
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